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Décentralisation : la loi « métropoles » validée, le prochain texte précisé

Chapo
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Le Conseil constitutionnel a donné son feu vert le 23 janvier 2014 à la première loi de décentralisation, dite de modernisation de l’action publique et d’affirmation des métropoles (MAPAM).

Le juge constitutionnel a toutefois formulé une réserve d’interprétation sur le cumul des fonctions de maire et de président de la métropole de Lyon. Un acte de bienveillance de la part du juge puisqu’il accepte « afin de permettre la mise en place des institutions de la métropole » que le législateur ne prévoit pas, à titre transitoire, d’incompatibilité entre les fonctions de maire et de président du conseil de la métropole, nouvelle collectivité territoriale à statut particulier.

En revanche, cette autorisation de cumul ne pourra pas être pérenne, le Conseil constitutionnel précisant que cette réserve de constitutionnalité sera applicable à compter du prochain renouvellement général des conseils municipaux suivant la création de la métropole de Lyon, soit en 2020.

« Le Conseil constitutionnel offre au Gouvernement d’importantes marges de manœuvre, en termes de simplification, pour poursuivre la réforme territoriale d’envergure dont cette loi constitue la première étape », ont aussitôt salué les deux ministres en charge de la Décentralisation, Marylise Lebranchu et Anne-Marie Escoffier.

Le gouvernement présentera en Conseil des ministres, le 2 avril 2014, un nouveau projet de loi de décentralisation.
Objectif : une adoption définitive d’ici la fin de l’année, c’est-à-dire avant le lancement de la campagne des élections départementales et régionales programmées en mars 2015.

Transmis au Conseil d’Etat début mars, ce texte fera l’objet d’une phase de concertation avec les sénateurs et les députés pour parvenir, espère Mme Lebranchu, à « une loi courte sans trop d’amendements parlementaires ».

Le texte regroupera les principales dispositions des deuxième et troisième projets de loi de décentralisation, présentés en conseil des ministres le 10 avril 2013. Il aura aussi vocation à traduire en actes le discours du Président de la République, le 18 janvier 2014 à Tulle sur l’organisation territoriale devenue «trop compliquée, trop lourde et trop coûteuse ».

Au programme : l’attribution de compétences exclusives aux régions dans le domaine du développement économique, de l’innovation, de la recherche et des transports hors réseau urbain.

Le 21 janvier 2014 sur Public Sénat, Mme Lebranchu a notamment évoqué l’idée de « réduire le nombre de schémas régionaux pour parvenir à un seul vrai schéma du développement économique, de l’innovation et de l’aménagement du territoire qui s’impose aux autres échelons ». Le 23 janvier, elle a employé l’expression de « schéma prescriptif ».

Mais un tel document ne portera-t-il pas atteinte à l’interdiction de tutelle d’une collectivité sur une autre, gravée dans le marbre de la Constitution lors de la révision de 2003 initiée par le Premier ministre d’alors, Jean-Pierre Raffarin ?

Dans son projet de loi, le gouvernement octroiera un « pouvoir règlementaire local d’adaptation » aux régions, dans le droit fil des derniers discours présidentiels. Mme Lebranchu précise qu’à l’avenir « chaque nouvelle loi comportera une ligne précisant ce qui est adaptable ».

Ce texte s’attellera également au renforcement du rôle des départements en matière de solidarité territoriale.
Mais qu’en sera-t-il, sur le périmètre de la métropole du Grand Paris et des neuf métropoles de droit commun arrêtées par la loi MAPAM ?

Le nouveau projet de loi du 2 avril 2014 ira-t-il jusqu’à supprimer les conseils généraux dans ces territoires, comme l’a envisagé François Hollande à Tulle ? « Dans les grandes agglomérations (…), que signifient encore les frontières départementales ? Pourquoi garder des niveaux superposés quand un seul peut être efficace ? », s’est interrogé le chef de l’Etat.

Interviewée le 21 janvier sur Public Sénat sur le nombre idéal de départements, Mme Lebranchu a répondu : « Sans doute beaucoup moins qu’aujourd’hui. »

« Nous sommes prêts à aller de l’avant », a réagi Martin Malvy, président de l’Association des petites villes de France, lors des vœux de son groupement, le 22 janvier. « L’exigence, l’urgence pour nous, c’est tout ce qui n’est pas métropole », a-t-il cependant ajouté.

De son côté, la ministre chargée de la décentralisation a repris à son compte le discours présidentiel en faveur de l’instauration d’un bonus-malus destiné à encourager les fusions de régions. Une opération périlleuse.
« Pourquoi je ne fusionne pas des régions tout de suite ? Parce que j’ai déjà les frontières régionales. Et au lieu de fusionner deux régions, il faudra peut-être que j’en coupe. Ce n’est pas si facile à faire ».

Dans un premier temps, c’est-à-dire après le renouvellement des conseils régionaux en 2015, le volontariat devrait être privilégié. « Les redécoupages autoritaires sont toujours difficiles à mettre en place », approuve Olivier Dussopt, le député-maire d’Annonay (Ardèche), rapporteur du premier projet de loi de décentralisation.
« Les fusions, argumente-t-il, ne sont pas une méthode magique pour réaliser des économies de dépenses sur les personnels régionaux, principalement constitués de techniciens et ouvriers spécialisés des lycées. »

Les associations d’élus, pour leur part, insistent avant tout sur le rétablissement du Haut conseil des territoires. Une instance de dialogue Etat-collectivités, recalée à l’initiative des sénateurs, dans la loi MAPAM.

Martin Malvy a écrit à Jean-Marc Ayrault le 21 janvier 2014, demandant l’instauration, à la place du HCT, d’un comité de concertation pour l’action publique. Interrogée sur ce point par la Gazette, lors de ses vœux à la presse le 23 janvier 2014, Mme Lebranchu s’est montrée évasive. « A chaque jour, suffit sa peine », a simplement glissé la ministre, rappelant l’existence du Comité des finances locales et du nouveau Conseil national d’évaluation des normes qui tiennent lieu d’instances d’échanges entre les collectivités et l’Etat.

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