Lors d’une visite médicale de recrutement d’un sapeur-pompier saisonnier pour la surveillance des plages, un jeune homme nous indique pratiquer le Ramadan, le jeûne musulman, en ce qui concerne les aliments et les boissons.
Compte tenu des conditions de travail et d’exposition à la chaleur, quels conseils donner en matière de prévention aux sapeurs-pompiers qui peuvent être amenés à nous solliciter ?
La question posée concerne plus généralement les conséquences des régimes alimentaires en matière d’aptitude opérationnelle.
Quels sont les motifs de régimes ?
- religieux : ramadan, végétarien hindou, carême chrétien, cacherout juif
- sportifs : dissocié, hyper protéiné, glucides lents...
- esthétiques: amaigrissants - culturels ou idéologiques : végétarien, végétalien, végan, crudivore, jeun - médicaux: sans gluten, sans sel, hypo lipidique, hypoglucidique, en cas d’allergie alimentaires …
- fantaisistes : pomme, ananas, à base de plantes « naturelles »,
- les troubles du comportements alimentaires : anorexie, boulimie, orthorexie
Lors de l’élaboration des repas en cantines ou des rations FDF, la position générale des SDIS est de laisser à chacun la responsabilité de son alimentation particulière.
En cas de difficulté, notamment opérationnelle, il appartient à chaque sapeur-pompier de consulter son médecin traitant pour en apprécier les conséquences (arrêt de travail ou non). Le médecin habilité ou du service de médecine professionnelle doit être disponible pour le recevoir, prodiguer des conseils et évaluer les risques au cas par cas sur la santé en intervention ou au travail, dans le respect des choix de l’agent.
Rappel :
La discrimination désigne l’action de distinguer de façon injuste ou illégitime un individu ou un groupe des autres en le traitant plus mal. L'article 225-1 du Code pénal définit une liste de critères qui entrent dans la constitution d'une discrimination :
« Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes : physiques en raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs mœurs, de leur orientation sexuelle, de leur identité sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. »
Une réponse standardisée ou générale ne peut être envisagée. Une réponse et des conseils de prévention au cas par cas sont nécessaires. L'inaptitude opérationnelle ne peut être envisagée qu'au regard des conséquences médicales et de l’évaluation des risques des postes concernés, en particulier quand ceux ci sont très sollicitant (surveillance des plages, montagne, plongée subaquatique, intervention avec ARICO …)
Concernant la question précise du jeûne musulman, depuis quelques années celui-ci survient en milieu d'été (actuellement en juin, lorsque la durée du jour est maximale, avec les journées de jeûne les plus longues, environ 18 heures). Les risques de déshydratation, fatigue, chutes de tensions, etc peuvent entrainer des difficultés dans les situations d’exposition à la chaleur ou pour effectuer des efforts. Il est donc conseillé de boire en dehors du jeûne, de se rafraichir si c’est possible, de se reposer hors intervention en milieu réfrigéré ou ventilé.
Certains pratiquants nous ont indiqués qu’il était possible de reporter des jours de jeûne en les effectuant ultérieurement quand une raison impérieuse existe. Ce serait le cas de certains étudiants en période d’examen qui débutent le jeûne plus tard ou ne jeunent pas les jours des épreuves.
D’autre part, en règle générale tout malaise ou signalement de troubles médicaux survenant en garde ou en intervention doit être signalé au Service de Santé et de Secours Médical afin d’envisager une réévaluation de l’aptitude médicale, avec éventuelle restriction partielle ou opérationnelle, et délivrance d’une information et de conseils préventifs.
Médecin Lieutenant Colonel Jean-Marie STEVE Référent ENSOSP en Santé en Service jean-marie.steve@ensosp.fr