Résumé des auteurs :

" Dans une France soumise à une crise nucléaire, les citoyens se structureront en réseau pour réaliser des mesures spontanées de la radioactivité. Ils contacteront les SIS, force de proximité, pour connaître la marche à suivre face à un risque supposé. Comment les SIS peuvent-ils fournir une réponse opérationnelle pertinente et proportionnée, alors qu'elle sera construite à partir de mesures citoyennes potentiellement peu fiables et différentes de celles fournies par les services de l'État ? Au croisement de la sociologie, de la technique, de l'organisation et des sciences participatives, différents guides sont proposés afin de consolider et d'intégrer les mesures citoyennes.
Les populations, en situation d'insécurité perçue, seront en quête de reprise sur leur environnement lors de cette phase d'urgence. Forts des logiques de réseaux, de formation et d'échange, contemporains, une science citoyenne participative s'établira spontanément. La coopération services publics / citoyens permettra une résilience globale plus importante. Grace aux citoyens, les SIS et l'IRSN bénéficieront d'un volume et d'un type de mesures d'un nouveau genre.
Cette big open data permettra d'intégrer les populations dans la gestion de crise. Le citoyen sera rétabli dans son rôle de premier acteur impliqué dans la chaine des secours, cher à la sécurité Civile, tout en respectant le principe de transparence, fondamental dans la gestion de la radioactivité en France. Leur implication sera favorisée par les SIS dans leur posture d'accompagnement des citoyens.
Pour autant, ces données brutes et ouvertes pourraient manquer de fiabilité. Afin de les consolider, des moyens humains (formation, communication, accréditation), techniques (guides matériels et protocole) et systémiques (algorithmes) doivent être mis en place.
La structuration ad hoc des SIS sollicités permettra une distinction de la mesure et de l'alerte. Il est proposé que les SIS mettent en place une salle de débord RAD, en phase d'urgence, afin de garantir la pérennité des secours courants. Les citoyens y sont orientés vers une plateforme ouverte de recueil des mesures pilotée par l'IRSN et un réseau spécifique : OpenRadiation. La consolidation des mesures permettra leur intégration sur CriTer, confirmé dans son rôle de véritable réseau de mesures d'experts fiabilisées. Le SIS conserve alors sa prérogative de gestion de l'alerte, tout en adoptant une posture d'accompagnateur et de facilitateur des mesures. Il prend en charge directement les situations d'urgence et les mises en danger lors de mesures citoyennes. L'arbre décisionnel au fondement de la réponse du SIS lors d'un appel sera déterminant dans sa transformation en alerte.
Les SIS, accompagnateurs de proximité des citoyens dans une démarche participative, affirment leur position d'expert du risque, au côté des autres acteurs, chacun dans leur domaine d'expertise.
Ensemble, les citoyens, les SIS et leurs partenaires utilisent les logiques de réseau ouvert pour accepter une crise qui force à l'innovation, et pour y apporter une réponse opérationnelle contemporaine. "

                                                                   Le président du jury des prix de l’Ensosp 2023, Monsieur Christophe Nicolas et le capitaine Florent Maira         

Crédits photo : ENSOSP