L’absorption cutanée de multiples substances cancérigènes dans les incendies est considérée comme la voie d'exposition la plus importante. Pendant la lutte contre les incendies, les mains sont exposées à ces contaminants. L'utilisation correcte d'équipements de protection individuelle (EPI) est donc nécessaire pour se protéger.
Crédits photo : ENSOSP
Le Conseil Supérieur de la Santé belge (Bruxelles) a publié en décembre 2022 une étude concernant « L’utilisation de sous-gants en nitrile sous les gants ordinaires des pompiers comme mesure de protection contre l’exposition aux substances cancérigènes dans les incendies ».
Cet avis N°9542 peut être téléchargés de la page web: www.css-hgr.be
Cet avis argumente les conditions d’utilisation de sous-gants en nitrile. C’est un élastomère qui ne peut pas fondre et permettraient d’éviter toute contamination en limitant les temps d’exposition entre la peau et les gants en cuir. La possibilité de réviser cet avis n’est pas exclu en fonction des apports de nouvelles études scientifiques.
EPI sous-gants nitrile pour les feux : de nouvelles données
Janvier 2025
À la suite de à la publication par le Conseil Supérieur de la Santé belge en décembre 2022 d’une étude concernant « L’utilisation de sous-gants en nitrile sous les gants ordinaires des pompiers comme mesure de protection contre l’exposition aux substances cancérigènes dans les incendies », des éléments portés à notre connaissance ont permis d’apporter un éclairage sur la pertinence du port de sous-gants en nitrile vis-à-vis d’une exposition aux HAP.
Il s’agit d’un sujet toujours d’actualité. De nombreux services et sapeurs-pompiers se questionnent sur l'intérêt et les dangers du port de sous gants nitrile dans les gants de feu, même si effectivement, en pratique certains formateurs caisson les utilisent déjà.
Nous avons interrogé l'ingénieur R&D produit de la société Rostaing, experte de la protection des mains (Madame Laura MUETTON, lmuetton@rostaing.fr). Elle déconseille le port de sous gants nitrile dans les gants de feu.
1. Les gants destinés à la lutte contre les feux de structure sont dotés d’une membrane qui apporte la protection nécessaire contre les contaminants.
Une analyse du taux de HAP présent sur les différentes couches de leur gant ATTACK6PEOM exposé aux fumées lors d’un essais caisson a été effectuée par la société ROSTAING,
Nous pouvons observer un taux de HAP supérieur sur les couches constituants l’extérieur du gant ainsi que sur la membrane. Malgré la présence de HAP, le taux relevé reste en dessous des limites fixées par REACH.
Sur toutes les couches en internes, entre la membrane et la main, le taux de HAP peut être considéré comme nul car en dessous de toutes les limites de détection de l’essai.
La membrane apporte donc bien la protection contre les contaminants.
2. Le port de gants d’un gant nitrile peut présenter d’autres risques tels que l’augmentation de la sudation, donc du taux d’humidité dans le gant nitrile.
L’eau ainsi retenue pourrait monter en température entrainant ainsi des risques plus importants de brûlure.
De plus le port prolongé de gants nitrile pourrait également engendrer des problèmes d’irritations et de sécheresse cutanée.
3. De plus le risque de contamination des mains est plus lié à un phénomène de contaminations croisées. Lors du retrait des gants de feu, les pompiers manipulent des objets contaminées (tenue de feu, ARI, casque…) puis remettent les gants sans s’être lavé les mains, c’est la raison pour laquelle nous pouvons retrouver la présence de contaminants à l’intérieur des gants.
Il faut que les pompiers se lavent les mains avant de remettre les gants de feu.
Le Bureau de la Doctrine de la Formation et des Équipements de la DGSCGC a animé un atelier lors du congrès Secours Santé des sapeurs-pompiers à Arcachon du 4 au 6 décembre 2024 pendant lequel des échanges ont permis d’argumenter la question et de confirmer cet avis.
De plus il est à noter qu'à haute température (supérieure à 120°C), le nitrile (caoutchouc synthétique copolymère acrylonitrile-butadiène ou NBR) devient « gluant » et donc plus collant pour la peau, le temps de contact sera donc plus long et les brûlures plus profondes. Une brulure accidentelle grave avec port de gants nitriles entrainerait de très grandes difficultés de greffe de peau (pas d’observation retrouvée dans la littérature scientifique).
On peut donc considérer que le port de gants nitriles sous les gants de feu n'apporte pas de bénéfice supplémentaire en matière de sécurité. Seuls sans les gants de feu, les gants nitrile restent nécessaires pendant le reconditionnement, lors de la manipulation des matériels, sous réserve que ces derniers soient froids, que les mains soient propres et sèches et que la durée d’utilisation soit limitée. Après utilisation, ils doivent suivre la procédure d'élimination appropriée.
Médecin référent de santé en service de l'ENSOSP :
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