/5
0 avis
FICHE DE LECTURE : Risques non respiratoires pour la santé et mortalité associés à la lutte contre les feux de brousse (feux de forêt) : une revue systématique, SCISC
Non-respiratory health risks and mortality associated with fighting bushfires (wildfires): a systematic review.
International Archives of Occupational and Environmental Health. Article Volume 98, pages 343–367, (2025). Open access. Published : 09 April 2025.
Résumé en français
Contexte :
Les feux de brousse (également appelés feux de forêt) exposent les intervenants d'urgence à des risques professionnels dans des circonstances exceptionnelles. Si les impacts sanitaires de la lutte contre les incendies de bâtiments ont été étudiés, on en sait moins sur les impacts non respiratoires et le risque de mortalité chez les pompiers de brousse, qui peuvent être volontaires. Il est nécessaire de mieux connaître les risques sanitaires afin d'élaborer des stratégies de prévention efficaces.
Objectif
Évaluer de manière critique et synthétiser les preuves publiées sur les risques sanitaires non respiratoires et les risques de mortalité associés à la lutte contre les feux de brousse
Méthodes :
Une recherche documentaire systématique a été menée dans Medline, Scopus et Embase afin d’identifier les études évaluant la morbidité, la mortalité ou les facteurs de risque associés chez les combattants des feux de brousse. La qualité des études incluses a été évaluée deux fois indépendamment à l’aide d’un outil d’évaluation de la qualité spécifique.
Résultats :
Vingt-sept études ont été incluses. 11 (41 %) ont été jugées de qualité moyenne et 16 (59 %) de faible qualité. Il existe un nombre croissant de preuves des effets néfastes à court terme de la lutte contre les feux de brousse sur la santé mentale et les blessures. Des études de liaison ont montré que les pompiers volontaires présentaient un risque de mortalité et de cancer inférieur à la fin de la garde par rapport à la population générale.
Conclusion :
La plupart des études s’appuyaient sur des études transversales et rétrospectives sans groupes de comparaison, ce qui limitait la capacité à tirer des conclusions solides. Il est essentiel de mener des recherches de meilleure qualité, utilisant des études prospectives et un suivi à plus long terme, afin de mieux comprendre les conséquences sanitaires de la lutte contre les feux de brousse, notamment compte tenu de l’augmentation prévue de leur fréquence et de leur gravité.
Limites de l’article
Le niveau de qualité des études analysées était soit moyen (41%) soit faible (59%), et avec des cohortes limitées et disparates. Ceci rend les interprétations et les conclusions assez fragiles.
Les études analysées portent sur différents types de feux, dont les feux de brousse qui ne sont pas équivalents aux incendies de forêt en France et en Europe du fait des variétés de végétaux brûlés. Les activités de lutte sont différentes (doctrine, protocoles, organisations, EPI) et ne peuvent pas être totalement comparables aux vues des origines des études. De nouvelles études sont nécessaires.
Le manque d'études prospectives de qualité et de long-terme, utilisant des outils standards et comportant des données fiables sur les individus (profils individuels et en service, groupes témoin…), sur les expositions (durée et nature des activités, événements traumatiques observés…) et sur les facteurs aggravants (antécédents, hygiène de vie, contexte socio-sanitaire…) ne donnent pas d’indications satisfaisantes pour développer des stratégies préventives et de soutien sur le long-terme.
Qu’apporte l’article ?
L’objectif de cette revue systématique des publications scientifiques validées (les études qualitatives, la littérature grise, les éditoriaux et les résumés de conférences ont été exclus) était de synthétiser les données existantes concernant les impacts non respiratoires de la lutte contre les feux de forêt sur la santé, notamment le risque de mortalité, et d'identifier les facteurs associés aux effets néfastes sur la santé.
Problèmes de santé mentale
Sont retrouvés jusqu’à plusieurs mois après et de façon non négligeable des symptômes de troubles de stress post traumatiques surtout, ainsi que des troubles de l’humeur, de l’anxiété. La fréquence de ces atteintes est majorée en cas de survenue de détresses émotionnelles.
Une faible augmentation non significative du risque suicidaire autodéclaré est noté dans une étude mais sur un échantillon de petite taille.
Les lésions traumatiques non mortelles
Plus de la moitié des blessures dues au feu/à la fumée/aux brûlures sont survenues en début de saison.
Très peu ont été qualifiées de sévères (arrêt de travail, perte d’aptitude). Les plus exposés sont les intervenants les plus anciens et ceux restés aux camions en charge de l’alimentation en eau et des tuyaux.
Les mécanismes sont surtout des glissades/faux pas/chutes puis des blessures causées par les équipement/les outils/les machines (véhicules).
Il s’agit principalement des entorses et des fractures/luxations puis les blessures au dos.
Les cancers
Des études ont montré que les pompiers volontaires présentaient un risque global de cancer inférieur ou similaire par rapport à la population générale.
Les taux excessifs de cancer de la prostate augmentent avec les années mais pas avec le nombre d’interventions pour incendie.
Le risque de cancer du sein n’est pas augmenté mais celui de l'appareil reproducteur (utérus, ovaires) le sont en fonction du nombre de participations aux incendies.
Aucune corrélation n’a été retrouvée concernant les cancers de la peau.
Les maladies cardiovasculaires, arythmies, hypertension
Aucune association significative n'a été observée si ce n’est avec l’âge et l’ancienneté.
Une étude souligne qu'une exposition accrue aux incendies est significativement associée à une augmentation de 1,4 et 1,2 fois du risque d'obésité et d'hypercholestérolémie.
La santé reproductive (fausses couches et prématurité)
La qualité des études et les biais méthodologiques ne permettent pas de conclure.
La mortalité globale
Des études ont montré que les pompiers, hommes et femmes, présentaient un risque de mortalité inférieur à celui de la population générale (effet homme sain probable).
Il y aurait une augmentation du taux de mortalité relative liée aux cardiopathies ischémiques chez les hommes, et aux cancers chez les femmes.
Recherche scientifique :
Il y a un besoin à faire des études sur du long-terme et incluant des paramètres permettant un solide lien ‘Lutte contre les feux et Conséquences sur la santé’, voire une interprétation des résultats dans d’autres contextes.
Il est crucial de rechercher et de sélectionner les articles de manière exhaustive et indépendante.
Catégories et mots clés
Revue systématique, Feux de forêt, Pompiers, Mortalité, Blessure, Blessure musculosquelettique, Morbidité, Santé mentale, Exposition professionnelle, Équipement de protection individuel.
1er auteur ID Article
Asmare Gelaw 1
Centre Monash pour la santé au travail et l'environnement
Faculté de médecine, de soins infirmiers et des sciences de la santé, Monash
Université, 553 St Kilda Road, Melbourne, VIC 3004,
Australie
Citation
Win Wah1 · Deborah C. Glass1 · Malcolm R. Sim1 · Ryan Hoy1,2 · Janneke Berecki Gisolf1,3 · Karen Walker Bone11. Centre Monash pour la santé au travail et l'environnement
Faculté de médecine, de soins infirmiers et des sciences de la santé, Monash
Université, 553 St Kilda Road, Melbourne, VIC 3004,
Australie
2. Département de médecine respiratoire, Alfred Health,
Melbourne, Australie
3. Centre de recherche sur les accidents de Monash, Université Monash,
Melbourne, Australie
Journal : Archives internationales de santé au travail et environnementale (2025) 98:343–367
https://doi.org/10.1007/s00420-025-02138-7
Issus de la même oeuvre
Chargement des enrichissements...