Le 8 juillet 2024, La poste va éditer un nouveau timbre représentant un Canadair de la sécurité civile.
Ces appareils, aussi appelés « Pélican », sont des avions spécialisés dans la lutte contre les incendies. Ils jouent un rôle crucial au sein de la sécurité civile française depuis plusieurs décennies.
Les premiers bombardiers d'eau ont été les Catalina (surnom anglais) ; ces appareils étaient au départ des hydravions bombardiers-patrouilleurs militaires créés au milieu des années 1930, pour la lutte anti-sous-marine, les patrouilles côtières et le sauvetage maritime. Produits par le constructeur Consolidated, puis Convair (surnom canadien : Canso), certains d'entre eux furent transformés en bombardiers d'eau après la Seconde Guerre mondiale. Puis, la société Canadian Vickers (devenu Canadair) les reconditionna en modèle 28-5, relancé pour servir l'ARC puis pour cet usage spécifique. De fait, ils ont été les précurseurs du Canadair CL-215.
Photo : Alan Wilson from Peterborough, Cambs, UK, CC BY-SA 2.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0>, via Wikimedia Commons
L’introduction des premiers modèles CL-215 date des années 60. Ils ont été conçus par Canadair (aujourd'hui Bombardier). Ces avions amphibies, capables de puiser de l'eau directement dans les plans d'eau, ont révolutionné la lutte contre les incendies de forêt.
Photo : https://www.flickr.com/photos/calflier001/8713978656/
Au fil des ans, la flotte française de canadairs a évolué, passant des CL-215 aux CL-415, plus modernes et performants. Les appareils ont connu plusieurs évolutions technologiques significatives pour améliorer leur efficacité, leur sécurité et leur performance : amélioration des capacités de chargement et de largage, de leur manœuvrabilité, utilisation des systèmes GPS, des technologies de navigation et de communication avancées, matériaux de construction plus légers et résistants, capteurs et caméras thermiques, réduction des émissions et du bruit, etc.
Ces évolutions technologiques ont permis aux canadairs de devenir des outils de plus en plus efficaces et fiables dans la lutte contre les incendies de forêt, tout en améliorant la sécurité des équipages et la coordination des opérations.
Aujourd'hui, la France dispose de 12 Canadairs CL-415 en service, positionnés sur la base de Sécurité civile de Nîmes-Garons, dans le Gard. Ces avions ont participé à de nombreuses missions, tant sur le territoire national qu'à l'international. Les canadairs français couvrent une vaste zone, principalement le sud de la France, mais ils sont également déployés dans d'autres régions en fonction des besoins.
Parmi les interventions récentes les plus marquantes, on peut citer les incendies de l'été 2022 en Gironde, où les canadairs ont été essentiels pour maîtriser les flammes. En 2023, ils ont effectué plus de 800 largages d'eau. En 2023, ils sont intervenus en Corse, où ils ont contribué à protéger des zones résidentielles menacées par les flammes.
Les Canadairs présentent plusieurs avantages spécifiques qui les rendent particulièrement efficaces dans la lutte contre les incendies de forêt.
Ils sont capables de puiser de l'eau directement dans les plans d'eau (lacs, rivières, mers) en seulement 12 secondes, sans avoir à retourner à une base pour se recharger. Cette capacité de puisage rapide permet des cycles de largage plus courts, augmentant ainsi la fréquence et l'efficacité des interventions.
Les Canadairs, comme le CL-415, peuvent transporter environ 6 137 litres d'eau, permettant des largages importants et efficaces sur les zones enflammées. Les systèmes de largage sont conçus pour permettre une répartition précise et contrôlée de l'eau, maximisant l'impact sur les incendies.
Photo : https://www.goodfon.com/aviation/wallpaper-download-1920x1080-voda-bombardier-415-pozharnyi-samolet-samolet-amfibiia-depar.html
De plus, ils peuvent opérer aussi bien sur l'eau que sur les pistes terrestres, offrant une flexibilité opérationnelle importante. Ils sont conçus pour des opérations dans des environnements difficiles, sont robustes et capables de supporter des conditions de vol exigeantes près des feux de forêt. Ils peuvent voler à basse altitude, ce qui est essentiel pour des largages précis et pour suivre les contours du terrain. Ils peuvent opérer dans des terrains montagneux et vallonnés, ce qui est souvent le cas dans les zones sujettes aux incendies de forêt.
Les Canadairs ont une bonne autonomie, leur permettant de couvrir de grandes distances sans nécessiter de ravitaillement fréquent. Ils peuvent rester en opération pendant de longues périodes, assurant une couverture continue sur les incendies de grande ampleur.
Ils peuvent travailler en coordination étroite avec d'autres avions, hélicoptères et équipes au sol pour une stratégie de lutte contre les incendies intégrée et efficace. Plusieurs Canadairs peuvent être déployés simultanément, permettant une attaque massive et synchronisée sur des foyers importants.
La France n'est pas le seul pays européen à utiliser des canadairs pour la lutte contre les incendies. L'Italie, par exemple, dispose de 19 Canadairs, ce qui en fait l'une des plus grandes flottes d'Europe. L'Espagne, avec 14 appareils, et la Grèce, avec 11, possèdent également des flottes significatives.
En termes de coûts, l'entretien et l'exploitation des canadairs représentent une dépense considérable. En France, le coût annuel de fonctionnement d'un canadair est estimé à environ 1,5 million d'euros, incluant le carburant, l'entretien et les salaires des équipages. Comparativement, l'Italie dépense environ 2 millions d'euros par avion en raison des frais plus élevés liés à l'intensité des opérations et à la durée plus longue de la saison des incendies.
Les Canadairs restent emblématiques pour leur capacité à larguer de grandes quantités d'eau, mais d’autres avions et hélicoptères complètent cette capacité en offrant flexibilité, rapidité d'intervention et support logistique dans la lutte contre les incendies de forêt. On peut citer, entre autre, le Dash 8 Q400 (bombardier d'eau polyvalent), l’Air Tractor AT-802 (avion de lutte contre les incendies et de pulvérisation), le Beechcraft King Air 200 (avion de coordination et de reconnaissance), le Cessna 337 Skymaster (avion d'observation et de liaison), etc.
Vous trouverez, ci dessous, une bibliographie sur le sujet, faite le Centre de Ressources Documentaires de l'ENSOSP.
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