Ce numéro de la LIREC aborde la question du retour d'expérience et de sa mise en œuvre dans les organisations. Plusieurs articles ont été rédigés par des chercheurs, des experts et des hauts fonctionnaires sur leur propre expérience du sujet ou pour en exposer les particularités. Ici, c’est la démarche organisationnelle qui est valorisée notamment avec la multiplication des évènements majeurs et les effets positifs du RETEX dans les organisations qui ont su le maîtriser et en faire une culture et c’est exactement ce que nous avons fait à l'Ensosp avec la formation d’encadrement des officiers, la plateforme RETEX du PNRS et les rencontres nationales du RETEX et surtout les SIS qui ont développé leur propre service, bureau ou fonction dans ce domaine afin de structurer une démarche RETEX au niveau territorial. Ce numéro ne peut que nous encourager à poursuivre nos efforts et à continuer à apprendre de nos missions opérationnelles mais aussi fonctionnelles dans les territoires et au niveau national.
« Il est des modes jusque dans la façon de souffrir ou d’aimer » se moquait André Gide en 1931. En effet, dans l’administration comme partout, certaines pratiques suscitent parfois un engouement soudain, une généralisation très rapide, avant d’être délaissées au profit d’autres modes, comme ce fut le cas par exemple du tout télétravail. Gageons que la pratique du retour d’expérience ne sera pas de ces modes passagères. Mais bien plutôt que sa généralisation deviendra un des piliers de notre résilience, c’est à- dire de notre capacité collective à tirer les enseignements de nos réussites et de nos échecs pour progresser, mettre à jour nos processus de décision, améliorer le service rendu aux populations.
Si dans de nombreuses entreprises, la pratique du RETEX est chose commune et passée dans les moeurs, l’administration peine parfois à pratiquer cet exercice pourtant indispensable pour mieux prévenir les crises, atténuer leurs effets, apprendre du passé pour aborder l’avenir mieux armés. D’autant que moteur de progrès, le RETEX humanise la crise : lors d’un RETEX ne s’expriment pas des individus impuissants ballotés par les circonstances, mais bien des femmes et des hommes qui ont agi en responsabilité et peuvent rendre raison de leurs décisions. Dans cette mesure, le retour d’expérience doit être considéré comme une des modalités de l’action, et non pas comme un bonus, ni comme un pensum. Ceci étant dit, pourquoi la pratique du retour d’expérience n’est-elle pas systématisée et plus répandue partout, y compris dans les administrations ? S’agit-il d’un exercice trop lié aux services opérationnels qui la pratiquent pour que les directions centrales y trouvent leur compte ? Surtout, l’exercice doit rester compatible avec les exigences liées aux procédures en cours, lorsque la gestion de crise fait l’objet d’une enquête administrative ou judiciaire.
Pour mieux cerner les bienfaits du RETEX, ce 72e numéro de la Lettre d’information sur les Risques et Crises (LIREC) interroge particulièrement les principes d’un retour d’expérience fructueux, à travers des récits de terrain particulièrement éclairants, des analyses et des conseils pour mettre en place et exploiter tous les ressorts du RETEX dans l’optique de faire progresser tous ceux qui y participent.
Bonne lecture !
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