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Assises Nationales des Risques Naturels 2016

25/03/16

Les Assises Nationales des Risques Naturels (ANRN) se sont déroulées le mardi 22 mars et mercredi 23 mars 2016 à Marseille au palais du Pharo. Elles ont ont porté sur un thème important relatif à l’information des risques et sa diffusion auprès des acteurs (population, élus, services de l'Etat....) afin de mieux prévenir les catastrophes. Il s’agit de renforcer les mesures de prévention dans l'objectif de mieux informer la population mais aussi l'ensemble des acteurs, des élus jusqu'aux services de l'Etat chargés de l'aménagement du territoire mais aussi des architectes et des ingénieurs, sur la vulnérabilité des communes exposées à des risques naturels identifiés pour développer des mesures de sécurité adaptées.

Ces dernières années, la région PACA a été soumise à une certaine intensité d’aléas climatiques ayant entraîné des victimes et des dégâts matériels conséquents. Les conséquences dramatiques de ces évènements ont mis en évidence une carence dans la culture du risque des citoyens. Il est donc nécessaire de procéder à une sensibilisation plus accrue aux risques encourus par la population afin qu’elle adopte les bons comportements en situation dégradée. Mais ces comportements ne sont pas la seule cause des dangers. L’urbanisation massive associée à la déprise agricole des communes au cours des dernières années engendre également des risques qu’il faut prendre en compte et réduire au maximum. Le maintien d’une connaissance sur les évènements passés devient plus que jamais un moyen de maintenir une conscience des risques sur les différents territoires auprès de la population mais également des élus qui ont la responsabilité d’assurer la sécurité de leurs concitoyens par la mise en œuvre de politiques de prévention adaptées.

Afin d'aborder ce sujet sous plusieurs angles, des tables rondes thématiques (L'intégration des risques dans l'aménagement ; la prévention des risques sismiques et un débat autour de la restitution des ateliers pour lesquels les auditeurs ont été amenés à contribuer) ont permis de favoriser les échanges et de confronter les points de vue des différents acteurs concernés par la mise en œuvre de ces politiques de prévention (services de l’Etat, élus, citoyens, chercheurs, architectes…). Le constat est le suivant : la vulnérabilité des territoires est bien réelle et il faut favoriser leur résilience par une plus grande conscience des risques. La culture du risque ne peut pas être acquise par la seule expérience des phénomènes climatiques. Il faut sensibiliser les jeunes générations à l’existence de ces risques et à leurs conséquences afin qu’ils soient vigilants, qu'ils adaptent leurs habitations aux risques et adoptent un comportement de résilience en situation. Il est donc nécessaire de les former, de les éduquer et de les préparer à affronter les risques auxquels ils peuvent être exposés.

L’idée qui a été exprimée au cours de ces assises est de favoriser l’émergence d’un « citoyen-acteur » et responsable de sa sécurité, rompu aux bonnes pratiques de sécurité en cas d’aléas.  Le « citoyen-expert » a également été évoqué pour qualifier le citoyen informé des risques de son environnement et doté d’une connaissance sur les enjeux. Autre mesure, celle des élus qui procèdent à des aménagements spécifiques sur leurs territoires dans l’objectif d’assurer la sécurité de leurs concitoyens par des itinéraires d’évacuations, par des mesures de renforcement (digues, structures sur pilotis en zone inondables dites constructibles, entretien des lits des cours d’eaux…) ou pour faciliter un retour rapide à la normale. La proposition des élus des communes situées dans des zones vulnérables est de mettre en œuvre des mesures afin de réduire les risques sans pour autant être en capacité de les éliminer totalement. Cela signifie que les professionnels chargés de l'aménagement du territoire et des constructions (géomètres, architectes, urbanistes…) aient également conscience de l'existence de ces risques. Il est donc important d’avoir une bonne connaissance des risques et des dangers des territoires afin de pouvoir au mieux assurer la sécurité de leurs habitants.

Cette connaissance des risques renvoie à l'un des six ateliers thématiques abordés au cours de ces deux journées : la mise en œuvre du retour d’expérience post-évènement. Cet atelier a permis de mettre en évidence les caractéristiques et les modalités de conduite de sa pratique dans un contexte souvent difficile et sans anticipation de sa mise en œuvre. Le député des Bouches-du-Rhône et président du conseil d’orientation pour la prévention des risques naturels majeurs, Mr Christian Kert, souhaite d’ailleurs créer une « commission de retour d’expérience » pour chaque catastrophe afin d’organiser au mieux cette démarche avec l'ensemble des acteurs concernés. L’objectif visé est de tirer des enseignements pour améliorer les actions de prévention des risques naturels et de favoriser une plus grande résilience des territoires. 

Cet atelier a permis de définir les enjeux, les finalités et les freins d'une pratique de retour d’expérience. Il s’agissait aussi de s’interroger sur les modalités de conduite d’un retour d’expérience à travers la définition d’une cartographie des acteurs ; de définir la temporalité nécessaire à sa mise en œuvre de sa conception jusqu’à la production des enseignements et leur capitalisation ; de penser à l’utilisation et la diffusion du retour d’expérience (à qui est-il destiné et pourquoi ?), de caractériser les outils nécessaires à sa mise en œuvre pour la production d'une connaissance scientifique, technique et vulgarisée.

Le besoin de faire du retour d'expérience post-évènement implique naturellement qu'une culture du retour d'expérience existe au sein des organisations et des services qui seront amenés à collaborer dans le cadre d'une "commission RETEX".

Il ressort de ces réflexions qu’il est nécessaire de désigner un comité de pilotage chargé de conduire le retour d’expérience, de la collecte des données jusqu’à la production des résultats, et que ce comité bénéficie d’une certaine neutralité afin de préserver l’objectivité des connaissances produites. Il est donc nécessaire qu’un « tiers », sous la forme d'un collectif d'acteurs constitué par l'ensemble des parties prenantes (comité), n’ayant pas participé à la gestion de l’évènement soit désigné pour la conduite des analyses a posteriori. La variété des acteurs représentée dans ce comité devra comprendre l’ensemble des services impliqués dans la gestion et la mise en œuvre des politiques de prévention.

La connaissance produite par le retour d’expérience sur un évènement doit être capitalisée et la durée nécessaire à la production de cette connaissance fait l’objet d’un processus de plusieurs mois pour la collecte des données, leur traitement, leur exploitation et la production d’enseignements. Ce retour d’expérience sera utilisé à différents niveaux en fonction des besoins des parties prenantes mais devra être vulgarisé pour être diffusé jusqu’au citoyen dans le souci de contribuer à ce statut de « citoyen acteur / citoyen expert » rendu plus résilient par une connaissance transmise sur les évènements, leur gestion, les mesures de protection et de prévention. Il faut comprendre pour pouvoir apprendre et transmettre une connaissance qui favorise le développement d'une intelligence de situation pour mener les bonnes actions, celles qui assureront la survie de chacun.

A. GAUTIER, enseignant-chercheur au Centre d'Etudes et de Recherches Interdisciplinaires de la Sécurité Civile (CERISC)

Fichiers associés :

Lien associé : http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Les-Assises-Nationales-des-Risques-.html

Publié le 25/03/16 à 10:20