Ces journées techniques, organisées conjointement par les services locaux (DDTM et SDIS 66) et la Délégation à la Protection de la Forêt Méditerranéenne, ont pour objet d’échanger sur ces pratiques en s'appuyant sur le vécu des intervenants de différents départements. L'objectif est de partager les diverses modalités de mise en œuvre, de voir comment les difficultés rencontrées ont pu être résolues et de mettre en valeur les résultats obtenus et les enseignements qui peuvent être tirés pour la prévention des incendies de forêts (conception des ouvrages, gestion des interfaces, positionnement des patrouilles...). Il s'agit de valoriser les pratiques d'analyses et de mettre en évidence leurs apports sur la prévention et la gestion des incendies par la production des connaissances et leur capitalisation pour l'ensemble des acteurs.
Dans le cadre de ma fonction Expert RETEX SPV, je fais partie de la cellule REX 66 pour la partie SP depuis 2008. La phase d’observation de cette cellule (VLTT dédiée au REX) pose la question de l’intérêt d’intervenir pendant le déroulement de l’opération. Cette phase implique des conditions d’engagement sur l'intervention. En tant qu’observateurs, nous ne sommes pas prioritaires sur l’intervention et nous ne devons donc pas gêner l’action de lutte en cours. Nous devons nous assurer que nous ne prenons pas de risques en n’allant pas au contact du feu, sous les largages des avions et nous devons être joignables en radio sur la fréquence de commandement du chantier.
Plusieurs raisons témoignent de l’intérêt d’une pratique du retour d’expérience dès le déroulement de l’intervention. Les différentes observations réalisées au fil des opérations feux de forêt par la cellule REX (66) concernent de nombreux thèmes tels que la propagation de l’incendie et la réalisation d’un contour de feu géolocalisé ; l’emploi des équipements et des aménagements DFCI ; l’identification des habitations temporaires non répertoriées sur la cartographie, l’observation de l’augmentation du nombre d’incendies en zone péri-urbaine sur des terrains en jachère, l’observation des phénomènes thermiques, des actions de lutte, l’intégration des pratiques opérationnelles spécifiques (DIH, feux tactiques), des règles de sécurité, de la conscience de la situation et de la coordination des actions. Cette posture d’observation en temps réel est planifiée afin de bénéficier d’une compréhension globale des actions menées sur le terrain et de pouvoir suivre l’évolution de la stratégie de lutte mise en œuvre.
Ainsi, j’ai appris au fil des années à identifier les compétences de Vincent Guillemat, technicien forestier de la cellule REX66, sous un autre angle et à comprendre que ses connaissances sont utiles pour un commandant des opérations de secours et pour l’ensemble de la communauté des sapeurs-pompiers. Le bilan des 10 ans du REX 66 qui a été remis à l’occasion de ce séminaire et que vous pouvez télécharger sur la plateforme correspond à la capitalisation des connaissances qu’il a produite pendant 10 ans. Ce bilan met en exergue combien la connaissance du milieu est importante et combien elle participe à une bonne intelligence de situation lorsque l’on comprend mieux son environnement ce qui n’est pas simple dans un contexte d’urgence.
Ces cellules, la REX66 comme Pyroscope, développent des capacités dans la production de connaissances sur les interventions et leur travail participe largement à l’activité de la lutte par la création des aménagements DFCI pour servir d’appui dans l’objectif de protéger les populations, les forêts mais aussi les hommes qui se trouvent au bout de la lance.
Au-delà des cellules, il existe d'autres pratiques de retour d'expérience au sein de la zone sud et en Espagne. Le travail réalisé par ces agents est remarquable et mérite votre attention car la qualité des présentations rend bien compte de leur savoir-faire et de leur expertise. Vous trouverez l'ensemble des présentations de ce séminaire en cliquant sur le lien (site web de prévention-incendies 66).
Enfin, et parce qu'il s'agit d'une expérience qui m'a beaucoup apporté, je souhaite remercier le Lieutenant Jacques MOYA (photo) pour tout ce qu’il m’a appris sur la végétation, la topographie, le feu et pour les longues heures passées à sillonner le département catalan, en été comme en hiver, de la plaine jusque sur les sommets enneigés pendant les campagnes de brûlage dirigé. Il y a des connaissances que l'on ne trouve pas dans les livres mais sur les chemins de l'expérience des "anciens". Je sais qu’il veille encore aujourd’hui sur le magnifique massif des Albères. ;)