Depuis des siècles, la lutte contre les incendies repose sur l’alerte précoce. Avant l’ère moderne, le signalement des incendies se faisait à l’aide de cloches ou de signaux visuels. L’essor des villes et des infrastructures a nécessité le développement de systèmes plus sophistiqués, menant à la création des premiers avertisseurs d’incendie.
Pose d'une borne d'appel d'urgence sur le site de l'Entente Valabre (13) par la FILT112 de l'ENSOSP
L’avertisseur d’incendie Petit
À la fin du XIXe siècle, les grandes villes cherchent à améliorer la rapidité de la réponse des pompiers face aux incendies. La ville de Paris, suivant en cela l'exemple qui lui était donné par plusieurs grandes villes d'Angleterre et d'Amérique, a commencé l'installation d'un réseau d'avertisseurs publics d'incendie, en janvier 1885. L’ingénieur Charles Petit met au point un avertisseur électromécanique permettant de transmettre une alerte directement aux services de secours. Ce dispositif est installé dans divers endroits stratégiques des villes et permet aux citoyens de signaler un incendie en actionnant un levier, après avoir brisé une vitre. Le signal est ensuite envoyé à une centrale d’alerte où il est immédiatement traité, réduisant ainsi le délai d’intervention. Les pompiers devaient se rendre à l'avertisseur d'où le signal était parti pour demander où était exactement l'incendie. Ils ne savaient pas non plus quelle était la nature du feu.
44 de ces appareils ont été mis en service. De 1885 à 1889, ils ont signalé 260 incendies, 43 en 1885, 85 en 1886, 70 en 1887 et 62 en 1888. Mais ils ont donné lieu à 150 fausses alarmes.
Le système Digeon
Peu après l’avertisseur Petit, un autre système voit le jour grâce à l’ingénieur Digeon. Ce dispositif repose sur une infrastructure télégraphique perfectionnée, reliant les postes d’alerte à des centres de commandement. Le système Digeon se distingue par une meilleure fiabilité et une transmission plus rapide du signal, garantissant une réactivité accrue des services de secours. Il est notamment adopté par plusieurs grandes villes françaises et marque une avancée significative dans la gestion des incendies en milieu urbain.
L’infrastructure télégraphique associée à ces avertisseurs repose sur un réseau de lignes filaires dédiées, assurant une communication rapide et continue entre les points d’alerte et les centres de gestion des interventions. Le système Digeon consiste, au moyen d'appareils très simples, à relier des postes de secours, à un ou plusieurs points quelconques formant postes d'appel, laissés à la disposition du public qui permettent de les mettre en communication téléphonique. Ces lignes permettent une transmission instantanée des informations, limitant ainsi les délais d’acheminement des secours. De plus, des systèmes de redondance et des relais sont mis en place pour éviter toute interruption de la transmission du signal en cas de panne ou de destruction partielle du réseau.
Une fois le système d’avertisseur incendie actionné, un signal est immédiatement reçu dans les casernes de pompiers via des dispositifs télégraphiques ou électromécaniques. Une alarme sonore retentit, alertant les équipes en poste. Simultanément, une indication du lieu précis de l’incendie est affichée sur un tableau de contrôle ou transmise par un opérateur.
Crédits photo : Le Génie Civil, Public domain, via Wikimedia Commons
L’apport d’Arthur-Constantin Krebs
Arthur-Constantin Krebs, ingénieur et inventeur prolifique, joue un rôle fondamental dans l’amélioration des systèmes de prévention et de lutte contre les incendies. En 1893, il contribue à perfectionner les dispositifs existants en intégrant des technologies plus avancées, comme l’utilisation de moteurs électriques et de systèmes de transmission plus efficaces. Ses travaux participent à l’évolution des avertisseurs d’incendie vers des systèmes plus automatisés et intégrés aux infrastructures urbaines modernes. Il permet notamment de maintenir les hommes partis au feu en communication avec la caserne, pour demander du renfort, par exemple. En effet chaque avertisseur était muni sur le côté d'une porte s'ouvrant avec une clef spéciale et démasquant une mâchoire où l'on introduisait les fils d'un téléphone mobile et une clef de Morse pour provoquer les appels.
Des avertisseurs privés qui relient directement les grandes administrations ou les grands établissements avec les services d'incendie sont progressivement mis en place. Ils sont du même type que les avertisseurs publics, mais entretenus aux frais et par les soins des administrations ou des propriétaires.
Aujourd’hui, ces systèmes ont évolué vers des solutions connectées et intelligentes, mais ils restent les héritiers de ces premières avancées cruciales.
Lien article : « De l’avertissement à l’avertisseur » Sapeurs-Pompiers de France
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