Le Laboratoire des projets de recherche de l’ENSOSP contribue à la production de la recherche scientifique et académique au profit des acteurs de la sécurité civile et plus particulièrement des sapeurs-pompiers.
Ces activités ont pour vocation d’enrichir la formation des officiers de sapeurs-pompiers à l’Ecole et de renforcer son image et sa crédibilité en tant qu’institution experte dans le domaine de la sécurité civile. En même temps, cette présence sur le plan académique favorise les partenariats avec divers acteurs de la communauté scientifique et universitaire.
Qu’est-ce que le projet ESPOIR ?
ESPOIR (analysE des Secours POmpiers en securIté Routière) est un projet de recherche financé à hauteur de 216 000 euros par la délégation à la sécurité routière (DSR) du ministère de l’intérieur dans le cadre de l’appel à projets 2022 de la sécurité routière. D’une durée de 30 mois, ESPOIR réunit deux partenaires académiques (l’Université Gustave Eiffel et l’Université Aix-Marseille) et l’ENSOSP.
L’objectif d’ESPOIR est d’obtenir une meilleure connaissance de l’activité de secours routier des Services d’Incendie et de Secours (SIS) et de sa relation avec la politique de sécurité routière. Pour ce faire, plusieurs approches disciplinaires sont proposées sous forme de trois lots distincts :
Sur quel concept s’articule ESPOIR ?
L’approche dit du « Système sûr » est fondée sur une position éthique selon laquelle il est inacceptable que des personnes soient gravement blessées ou tuées sur le réseau routier. Elle se base sur l’idée que le système tout entier doit être traité comme un facteur majeur dans les accidents, au contraire de l’approche plus traditionnelle qui plaçait la plus grande responsabilité de la sécurité sur l’usager de la route[1] (source : PIARC – Association mondiale de la route). Ainsi, les concepteurs du système ont un rôle important à jouer pour parvenir à l’objectif de long terme d’éliminer les morts et les blessures graves.
Cette approche comprend la production d’une politique de sécurité routière avec l’articulation de plusieurs piliers, dont les interventions en matière de post-accident. Le secours routier, avec les interventions des sapeurs-pompiers est un vecteur d’intervention incontournable.
Quelles sont les approches disciplinaires mobilisées dans ESPOIR ?
ESPOIR propose une approche statistique et économétrique des données collectées par les SIS dans le cadre de leur mission de secours routier. D’abord à caractère descriptif, l’approche statistique cherchera à présenter de manière succincte et exhaustive les moyens et les interventions des SIS à l’échelle départementale. Ce comparatif portera à la fois sur les écarts territoriaux et temporels de cette activité.
L’approche économétrique vise à aller plus loin en proposant les premiers éléments permettant de mettre en relation les différents indicateurs sous forme d’un modèle. Ce modèle cherchera à relier les indicateurs de l’offre et de la demande pour mieux décrire l’organisation de ces services dans le cadre du secours routier.
En parallèle, une approche sociologique du métier de sapeur-pompier relative à cette mission sera proposée. Pour rappel, le secours routiers peut être résumé par le principe des 5S :
Il s’agira de documenter les perceptions des sapeurs-pompiers concernant ce volet de leur activité, les barrières organisationnelles et missionnelles, et d’identifier les enjeux concernant les conditions d’intervention, notamment avec l’évolution technologique des véhicules. Cet axe sera mené par le biais d’un questionnaire et d’entretiens réalisés sur le terrain.
Quelles sont les finalités du projet ESPOIR ?
Le projet ESPOIR concerne avant tout la méconnaissance du rôle des sapeurs-pompiers dans la politique de sécurité routière et se concentre notamment sur les divergences portées à la connaissance des décideurs publics en ce qui concerne la sous-estimation du nombre d’accidents de la route dans les statistiques officielles issues des bulletins d’accidents de la circulation (BAAC)[2].
Ce graphique donne un premier aperçu de l’écart qui existe entre les données collectées par les SIS et par l’Observatoire National Interministériel de la Sécurité Routière (ONISR) (. Le nombre d’accidents recensés par les SIS est systématiquement plus élevé que le nombre d’accidents recensés par l’ONISR et cela par un facteur supérieur à trois. On peut toutefois constater une cohérence dans les tendances illustrées par ces deux sources de données distinctes : le nombre d’accidents est en baisse entre 2002 et 2012, et ce nombre est supérieur dans les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) de catégorie A par rapport à ceux de catégorie B et C.
De ce fait, les différentes données collectées par les SIS et mises à la disposition de l’équipe du projet ESPOIR permettront une meilleure connaissance de la place qu’occupe les sapeurs-pompiers dans la politique de sécurité routière, et pourra déboucher par la suite sur d’autres études sur les enjeux qui auront été mis en avant dans le cadre d’ESPOIR.
[1] L’approche du « Système sûr » : https://roadsafety.piarc.org/fr/gestion-de-la-securite-routiere/4-approche-systeme-sur
[2] A l’origine de ce constat : le registre du Rhône (https://www.lemonde.fr/securite-routiere/article/2015/02/13/securite-routiere-combien-de-blesses-graves_4575648_1655513.html)
David Swan
Chercheur Post-Doctoral affecté au projet ESPOIR (analysE des Secours POmpier en sécurIté Routière) en partenariat avec l’Université Gustave Eiffel - Laboratoire des projets de recherche – Division de la recherche scientifique (DRES) - DERE, ENSOSP
Crédits photo : https://www.flickr.com/photos/stevenjambot/2677588681