En France, les démineurs jouent un rôle essentiel dans la protection des citoyens contre les menaces d'explosifs. Qu'il s'agisse de munitions non explosées datant des guerres mondiales, d'engins explosifs improvisés (EEI) ou d'objets suspects, leur mission est de garantir la sécurité sur tout le territoire.
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Les démineurs en France interviennent dans plusieurs types de situations :
- Neutralisation des munitions historiques : La France est encore parsemée de munitions non explosées datant des guerres mondiales (obus, bombes, grenades, etc.). Les démineurs sont en charge de localiser, neutraliser et détruire ces munitions enfouies, notamment dans les zones à fort passé de combats, comme dans le nord-est du pays.
- Intervention sur des objets suspects : Les démineurs interviennent régulièrement en réponse à des alertes concernant des colis suspects ou des objets abandonnés dans des lieux publics (gares, aéroports, rues fréquentées). Ils doivent évaluer si ces objets contiennent des explosifs et, si nécessaire, les neutraliser.
- Gestion des engins explosifs improvisés (EEI) : Face à la menace terroriste, les démineurs de la Sécurité Civile sont formés pour désamorcer des engins explosifs improvisés qui peuvent être utilisés par des groupes criminels ou terroristes.
- Sécurisation d’événements publics : Lors de grands événements (concerts, rencontres sportives, sommets internationaux), les démineurs sont déployés pour fouiller et sécuriser les lieux avant l’arrivée du public ou des personnalités importantes. Ils vérifient qu’aucune menace explosive n'est présente sur le site.
- Assistance aux forces de l’ordre et aux autorités locales : Les démineurs travaillent en collaboration avec les forces de l’ordre (police, gendarmerie) pour intervenir sur des menaces explosives. Ils fournissent leur expertise technique dans des enquêtes criminelles, ou lors de la découverte d’armes ou d’explosifs dans le cadre d'opérations de police.
- Prévention et formation : Les démineurs mènent des actions de sensibilisation auprès du grand public, des entreprises, et des institutions pour éduquer sur les dangers des explosifs. De plus, ils forment d’autres services publics ou privés à la gestion des situations impliquant des objets suspects ou des engins explosifs.
- Interventions internationales : Dans le cadre de missions humanitaires ou de coopération internationale, les démineurs français peuvent être déployés à l’étranger, notamment pour aider à désamorcer des mines terrestres ou des munitions non explosées dans des zones de conflit (par exemple, en Afrique ou au Moyen-Orient).
En 2024, la France compte un peu plus de 300 démineurs répartis dans 19 centres de déminage à travers le territoire. Ces unités sont placées stratégiquement pour répondre rapidement aux incidents sur l’ensemble du pays, y compris en Outre-mer. Les zones les plus sollicitées restent le nord-est du pays, particulièrement en raison des munitions non explosées datant des deux guerres mondiales. Les régions comme la Somme, l’Aisne ou Verdun voient régulièrement des interventions liées aux « restes de guerre ». Néanmoins, les démineurs sont également mobilisés pour des incidents « contemporains », notamment dans les grandes métropoles, où les objets suspects ou les menaces terroristes sont plus fréquents. La France compte également trois groupements de plongeurs démineurs (basés à Cherbourg, Brest et Toulon). Répartis sur les trois façades maritimes métropolitaines, les plongeurs-démineurs opèrent jusqu’à 80 mètres de profondeur, sur le territoire national comme en opérations extérieures pour des missions de neutralisation d’engins explosifs, de guerre des mines et de sécurisation des approches maritimes.
Les chiens démineurs, également appelés chiens de détection d'explosifs, jouent un rôle clé dans les opérations de déminage et de sécurité en France et dans de nombreux autres pays. Leur flair exceptionnel en fait des partenaires précieux pour détecter la présence d’explosifs, qu’il s’agisse de munitions historiques, d’engins explosifs improvisés, ou de mines. Les chiens ont un odorat extrêmement développé, bien supérieur à celui des humains ou même des technologies actuelles. Ils sont capables de détecter des particules d’explosifs dans l’air ou sous terre, même en très faibles concentrations. Ils peuvent repérer des explosifs dissimulés dans des colis, des véhicules ou même dans des matériaux enterrés depuis des décennies. Leur efficacité est particulièrement précieuse dans les zones où les mines et explosifs sont difficiles à repérer visuellement.
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Chaque année, les démineurs effectuent environ 2 000 interventions. Ces interventions sont variées : déminage d’obus et de munitions historiques, neutralisation de colis suspects ou d'explosifs artisanaux, et détection préventive d’engins dans des sites sensibles. Chaque année plus de 450 tonnes de munitions non explosées sont ainsi collectées et détruites. Les autres interventions, liées aux menaces modernes (colis suspects, EEI), sont en augmentation constante, en particulier depuis la montée du terrorisme en Europe.
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Les démineurs disposent de moyens technologiques de pointe pour accomplir leurs missions. Ils sont équipés de robots de déminage, de combinaisons de protection balistique, de caméras à distance et de détecteurs d’explosifs. Chaque unité est aussi dotée de véhicules spécialisés pour transporter des explosifs en toute sécurité. L’État français a investi dans la modernisation des équipements, notamment dans l’acquisition de drones pour surveiller et évaluer les zones dangereuses à distance. Ces outils permettent aux démineurs d'intervenir de manière plus sécurisée et efficace.
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La France n'est pas seule à gérer ce type de menace, et elle se situe parmi les pays les plus actifs en matière de déminage en Europe, aux côtés de l'Allemagne et du Royaume-Uni. En Allemagne, par exemple, le volume de munitions non explosées est encore plus élevé qu’en France, en raison des bombardements massifs pendant la Seconde Guerre mondiale, nécessitant environ 5 500 interventions annuelles. Le Royaume-Uni, quant à lui, fait face à des menaces contemporaines similaires à celles de la France, avec une montée des incidents liés à des colis suspects ou à des engins explosifs improvisés. Cependant, les moyens et la rapidité d’intervention de la Sécurité Civile française sont souvent cités comme exemplaires en Europe, notamment en raison de la bonne répartition géographique des équipes et de l’efficacité des dispositifs mis en place.
Les conditions de travail sont souvent difficiles, qu’il s’agisse de fouilles dans des terrains accidentés ou d'interventions dans des zones urbaines très peuplées. La pression est constante, car une simple erreur peut avoir des conséquences dramatiques. Le métier est physiquement et mentalement exigeant, et le recrutement de nouvelles recrues est parfois difficile face aux risques inhérents. Le renouvellement des équipes de démineurs constitue un enjeu. De plus, d'après l'Inspection générale de la sécurité civile, 59 démineurs prévoyaient un départ à la retraite en 2023 ou 2024, soit plus de 15 % de l'effectif théorique.
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Pour lire la publication de Mme Françoise Sappin, ancienne chargée de mission |
Pour aller plus loin, le Centre de Ressources Documentaires de l'ENSOSP vous propose une bibliographie, ci-dessous.
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