Mme Esther Benbassa interpelle M. le ministre des solidarités et de la santé sur la gestion par le Gouvernement du processus vaccinal contre la Covid-19.
Le 24 janvier 2020, la France enregistrait son tout premier cas de Covid-19. Presqu'un an après l'arrivée de l'épidémie sur le territoire national, les Français subissent encore les conséquences de l'impréparation manifeste des pouvoirs publics pour gérer cette crise sanitaire, des tergiversations et des multiples contradictions dans la stratégie de communication du Gouvernement, ainsi que du déplorable manque de moyens dont souffre l'hôpital public et de manière encore plus large le service public de la santé – ce que dénonce le personnel de santé depuis des années.
En effet, nous ne pourrions faire un bilan de votre gestion de la crise Covid-19 sans rappeler le grand nombre d'erreurs commises, tout d'abord concernant les masques chirurgicaux. Ceux-ci n'étaient « pas nécessaires » au printemps (mars 2020) et sont devenus obligatoires dans les espaces clos, en entreprise ainsi que dans les lieux publics par décret gouvernemental à l'été (juillet 2020). Par ailleurs, nous ne saurions omettre l'imbroglio quant à l'approvisionnement tardif et insuffisant en masques par l'État ; de même pour les tests PCR.
Il y a, ensuite, au premier rang de ces erreurs dans la gestion de la Covid-19, l'opportunité ratée, à l'été 2020, d'impulser une augmentation structurelle de nouveaux lits de réanimation et non des créations temporaires (et trop peu nombreuses) comme cela a été le cas. Les Français se sont alors retrouvés à nouveau confinés à la sortie de l'été, face à une deuxième vague pour laquelle nous n'étions pas préparés, alors même que nous savions qu'elle s'annonçait.
De même, le Gouvernement nous incitait à voter au premier tour des municipales le 15 mars 2020, puis annonçait un confinement au niveau national le lendemain. Il autorisait un déconfinement à l'été 2020, pour remettre en place un confinement à l'automne 2020 ; reconfinement qui prend fin au début de l'hiver 2020 pour être remplacé par un couvre-feu. Vous reconnaîtrez que la stratégie est illisible.
Nous en arrivons alors à la question des vaccins. Le 17 décembre 2020, il présentait devant le Sénat la stratégie vaccinale du Gouvernement. Celle-ci n'est pas au point non plus. Elle a commencé par un éloge de la lenteur, qui n'a pas été le cas dans les pays voisins. Le Premier ministre annonçait en décembre 2020 devant la représentation nationale que 200 millions de doses de vaccin avaient été précommandées pour 67 millions d'habitants. Le 10 janvier 2021, plus de 15 000 nouveaux cas de contamination étaient recensés et on enregistrait environ 150 décès. Le même jour, le total de personnes vaccinées en France ne s'élevait qu'à 93 000 personnes. Qu'en est-il alors de ces doses ? Même avec l'accélération annoncée, ce chiffre est largement insuffisant.
Qu'en est-il également du choix fait par l'Europe et la France de miser en partie sur le vaccin des laboratoires Sanofi, alors que d'autres laboratoires étaient bien plus avancés ; tout cela pour que in fine, Sanofi annonce que son vaccin ne sera pas prêt avant la fin 2021.
La crise de la Covid-19 a montré à quel point une impréparation des pouvoirs publics ainsi que des lourdeurs administratives entraînent des conséquences dommageables pour la population. Il apparaît urgent aujourd'hui d'accélérer encore davantage la vaccination volontaire.
Ainsi, elle lui demande quelles mesures le Gouvernement entend-il prendre afin d'améliorer les modalités logistiques pour une administration plus large et efficace des vaccins anti-Covid.
La stratégie vaccinale suit les orientations de la Haute autorité de santé (HAS), qui établit une liste de publics éligibles à la vaccination prioritaire, sur la base de critères, tels que l'âge et la présence de comorbidité (s), qui sont les facteurs de risque les plus importants de développer une forme grave de la COVID-19. Dans un contexte d'approvisionnement croissant de doses, de nouveaux publics deviennent progressivement éligibles à la vaccination. Ainsi, depuis le 12 mai 2021, toutes les personnes de plus de 18 ans peuvent prendre rendez-vous pour se faire vacciner si des doses sont disponibles la veille pour le lendemain. En outre, depuis le 31 mai soit en avance par rapport au calendrier vaccinal initialement établi, toute personne majeure peut se voir administrer une première dose de vaccin sur le territoire métropolitain. Un large pan des professionnels de santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, chirurgiens-dentistes, certains étudiants, etc.), en ville, en hôpitaux, en centres, etc., est aujourd'hui pleinement mobilisé dans la campagne vaccinale, en parallèle de leurs autres missions, en particulier auprès des patients infectés par la COVID-19 dans les services de réanimation.