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Service national universel

Titre de la question
Question n° 0138G de M. Jacques-Bernard Magner (Puy-de-Dôme - SER) publiée dans le JO Sénat du 08/12/2022
Contenu de la question

Mme la présidente. La parole est à M. Jacques-Bernard Magner, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. Jacques-Bernard Magner. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et du service national universel.
Madame la secrétaire d'État, le budget pour 2023 attribue 140 millions d'euros au service national universel (SNU), laissant des crédits dérisoires pour les autres dispositifs du soutien à la vie associative.
Pourtant, nous savons tous ici que le SNU, créé en 2019, est un échec. En 2022, vous espériez 50 000 jeunes. Comme les années précédentes, nous vous avions fait part de notre scepticisme. Résultat : ce sont seulement 32 000 services qui seront réalisés. Il est évident que les jeunes n'adhèrent pas à ce projet, imaginé, promu et soutenu par le Président de la République, qui doit aujourd'hui rester le seul convaincu de son intérêt.
Malgré cela, vous augmentez encore ce budget pour 2023, inscrivant 140 millions d'euros pour 64 000 jeunes espérés, soit 27 % d'augmentation. En revanche, les crédits du service civique progressent moins que l'inflation, alors que cet outil tout à fait pertinent pour les jeunes est aujourd'hui très recherché.
Vous le savez, la généralisation du SNU à une classe d'âge sera très difficile, autant pour des raisons budgétaires que pour des raisons d'adhésion.
Madame la secrétaire d'État, il faut savoir tirer les leçons d'un échec.
D'autres solutions existent pour l'éducation à la citoyenneté de notre jeunesse. Pourquoi ne pas soutenir vraiment le développement du service civique, ainsi que les colonies de vacances, vrais lieux de mixité et de socialisation, et ce dès le plus jeune âge ? Pourquoi ne pas promouvoir le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (Bafa) et en faire l'une des étapes d'un parcours d'engagement et de citoyenneté qui se déploierait à bien moindre coût, en apportant un vrai soutien à la vie associative dans notre pays ?
Madame la secrétaire d'État, aujourd'hui, nous attendons vos propositions. Allez-vous enfin répondre aux aspirations et aux besoins de notre jeunesse ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST.)

Titre de la réponse
Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des armées et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargé de la jeunesse et du service national universel publiée dans le JO Sénat du 08/12/2022
Contenu de la réponse

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et du service national universel.

Mme Sarah El Haïry, secrétaire d'État auprès du ministre des armées et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, chargée de la jeunesse et du service national universel. Monsieur le sénateur Magner, j'ai la conviction que nous avons la même ambition pour notre jeunesse. Nous voulons une jeunesse qui a goût en l'avenir, qui est formée, qui a de l'espérance. Pour cela, monsieur le sénateur, je ne vois aucune opposition entre les différents dispositifs.

Plus que jamais, nous avons investi sur le service civique, et celui-ci progresse. Il y a même plus de demandes d'agrément de jeunes que de missions proposées.

Les colonies de vacances et l'éducation populaire ont le vent en poupe : le dispositif Vacances apprenantes a réuni un million de jeunes encore l'été dernier.

Sur le Bafa, il y a eu en même temps l'installation du comité de filière Bafa et un financement massif, avec plus de 200 euros pour chaque jeune qui le souhaite, et ce afin de lever tout frein financier.

Monsieur le sénateur, ni vous ni moi n'opposons ces dispositifs. Il importe surtout de construire un parcours de citoyenneté, ce qui ne se décrète pas.

Nous avons besoin d'une jeunesse unie, quand elle est aujourd'hui fracturée, au moins pour partie.

Nous avons besoin d'une jeunesse en bonne santé, grâce à des bilans réguliers.

Nous avons besoin d'une jeunesse qui retrouve la culture de la défense et qui soit formée aux gestes qui sauvent.

Nous avons besoin d'une jeunesse qui s'inscrive dans un projet personnel, en complémentarité avec le projet pédagogique de l'éducation civique et morale.

Nous avons besoin enfin d'une jeunesse qui s'engage.

Votre famille politique, monsieur le sénateur, a toujours encouragé ces engagements, qu'ils soient civils ou militaires.

Avec le ministre de l'éducation nationale, en charge d'une partie de l'apprentissage, le ministre des armées, sous l'autorité de la Première ministre, nous déployons, année après année, un grand projet pour tous nos jeunes, parce qu'un pays fort, uni, doit préparer sa jeunesse à répondre aux défis de son temps : retour de la guerre, aujourd'hui en Ukraine ; défi climatique ; catastrophes naturelles.

Enfin, monsieur le sénateur, un pays fort, uni, c'est un pays où les jeunes se parlent et partagent des valeurs. Pour cela, il faut qu'ils se rencontrent. Le SNU, c'est pour eux, c'est pour les autres, c'est pour la France ! (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI, ainsi que sur des travées des groupes INDEP et UC.)

Mme la présidente. La parole est à M. Jacques-Bernard Magner, pour la réplique.

M. Jacques-Bernard Magner. Madame la secrétaire d'État, je suis d'accord avec toutes les valeurs citoyennes que vous venez de rappeler. Toutefois, vous n'avez pas répondu précisément à ma question : allez-vous continuer avec le SNU tel quel ou allez-vous le réformer ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)