M. Jean-Raymond Hugonet. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.
Mardi soir, il est vingt-trois heures trente sur le petit parking du stade Jean-Laloyeau, à Étampes, dans l'Essonne, département que j'ai l'honneur de représenter dans cette enceinte avec quatre autres de mes collègues. Un sapeur-pompier, qui intervient sur un incendie de voiture, est la cible d'un tir par arme à feu et voit une balle lui traverser le mollet.
Notre collègue Franck Marlin, maire d'Étampes, présent sur les lieux au moment de cette véritable tentative d'homicide, pourrait égrener les actes d'incivilité, de violence urbaine insupportable dont sa ville est victime depuis tant d'années, à l'instar de très nombreuses villes en France.
Vous étiez hier sur place, à ses côtés, pour témoigner de votre soutien aux soldats du feu, ainsi qu'à l'ensemble des forces de l'ordre. Nous vous en remercions.
Monsieur le ministre, je vous sais homme d'action et de responsabilité. Mais au-delà du dépôt de plainte systématique que vous avez appelé de vos vœux hier, ce qui constitue, reconnaissons-le, un strict minimum, comment comptez-vous sortir de la posture, des tweets et des discours creux auxquels votre prédécesseur nous a malheureusement trop souvent habitués durant cette triste première moitié de quinquennat ?
M. Jean Bizet. Très bien !
M. Jean-Raymond Hugonet. Vous avez déclaré hier : « la République est partout chez elle ». Assurément, monsieur le ministre ! Dès lors, comment comptez-vous mettre hors d'état de nuire ceux qui n'ont pas cette idée de la France que nous avons en partage et qui est notre fierté nationale ? En d'autres termes, quand et comment comptez-vous sortir la France de la chienlit dans laquelle elle se trouve plongée ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur. Monsieur Hugonet, j'ai bien rendu visite, hier soir, à ce sapeur-pompier et à ses camarades de brigade pour leur dire l'émotion qu'a suscitée non pas ce simple fait divers, mais cette attaque contre la République, contre les sapeurs-pompiers qui portent l'uniforme de la solidarité.
L'un d'entre eux a été blessé par balle lors d'une intervention – somme toute banale – visant à éteindre un incendie de véhicule sur un parking. Encore plus choquant, il s'agissait de la troisième agression en dix mois que connaissait ce sergent-chef. Comme nombre de ses camarades de l'Essonne et de beaucoup de villes de France, il intervient chaque jour la peur au ventre, alors qu'il est là pour aider les autres – c'est la vocation d'un pompier, qu'il soit professionnel ou volontaire.
À la demande du Premier ministre, j'ai annoncé un dépôt de plainte systématique de l'administration en plus de ce que décideront les victimes.
J'ai évoqué, avec le préfet de département et les forces de police, la façon dont on pourrait protéger encore mieux – nous en sommes arrivés là, monsieur le sénateur – les pompiers lors d'interventions que l'on peut qualifier de « très difficiles ».
En attaquant les pompiers, les policiers, les gendarmes, les conducteurs de bus, comme celui qui a été tué dans des conditions particulièrement ignobles à Bayonne, mais aussi les professeurs, les médecins et les infirmiers et les infirmières, on attaque la République.
Partout chez elle, la République est pourtant attaquée. Tout ne sera pas réglé en un jour. Dans certains endroits – je sais de quoi je parle, élu d'un territoire que l'on dit difficile –, la République est mise en joue.
La volonté du gouvernement de Jean Castex et du Président de la République n'est pas de se contenter de mots, monsieur le sénateur, mais bien de passer aux actes. Je serai partout où il le faudra pour faire reculer ceux qui veulent que nous reculions. (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM, Les Indépendants et RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Jean-Raymond Hugonet, pour la réplique.
M. Jean-Raymond Hugonet. J'entends votre réponse pleine de responsabilité, monsieur le ministre.
La République est attaquée. Mais plus que la République, c'est la Nation qui est attaquée. Il va bien falloir que ce gouvernement fasse ce qui n'a jamais été fait en s'attaquant à ceux qui sont contre cette nation et qui n'ont plus rien à voir avec notre société républicaine. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)