Mme le président. La parole est à M. Joël Labbé, pour le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe GEST.)
M. Joël Labbé. Je veux revenir à mon tour, au nom du groupe écologiste, sur les inondations dévastatrices qui ont ravagé des territoires entiers en Allemagne. À cela s'ajoutent les inondations en Chine, les dômes de chaleur qui se sont installés sur le Canada et le Maroc, ou encore la grave sécheresse qui sévit à Madagascar. Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) nous indique que ces événements, qui se multiplient déjà, ne vont faire que s'accentuer dans les années à venir.
Nous pensons bien sûr avec émotion, comme vous l'avez exprimé tout à l'heure, monsieur le ministre, aux victimes de ces événements dramatiques.
L'expérience concrète du dérèglement climatique et les catastrophes qu'il entraîne appellent des décisions politiques fortes et rapides. Pourtant, comme le Haut Conseil pour le climat et le Conseil d'État l'ont récemment rappelé, les mesures prises par la France sont loin d'être à la hauteur.
Vous vous réjouissez de l'adoption du projet de loi Climat et résilience, mais ce texte ne permet en aucun cas de répondre aux enjeux auxquels nous faisons face, ni dans son volet de réduction des émissions ni dans celui qui vise à développer l'adaptation. Ce projet de loi reste constitué de mesures qui permettront au mieux de réduire nos émissions de CO2 de 30 % d'ici à 2030, bien en dessous de nos objectifs.
La déconnexion entre la gravité et l'urgence des enjeux, d'une part, et la teneur de nos débats et des décisions finalement prises, d'autre part, est de plus en plus grande et alarmante. Elle est difficile à vivre pour celles et ceux d'entre nous, de plus en plus nombreux, surtout dans les jeunes générations, qui prennent conscience de l'ampleur de l'urgence climatique à laquelle nous faisons face.
Alors, monsieur le ministre, allez-vous enfin prendre des mesures fortes pour le climat ? (Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – Mme Angèle Préville applaudit également.)
Mme le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des transports.
M. Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué auprès de la ministre de la transition écologique, chargé des transports. Monsieur le sénateur Labbé, vous nous interrogez à votre tour sur les inondations survenues en Allemagne, en Belgique et dans le nord-est de la France, même si votre question porte sur un spectre un peu plus large.
Concernant ces inondations, je tiens à rappeler que nous avons réagi avec beaucoup de rapidité, dès les prémices de cette crise, en envoyant notamment 40 sapeurs-sauveteurs de la sécurité civile et 34 sapeurs-pompiers du service départemental d'incendie et de secours (SDIS) du département du Nord, mais aussi en mobilisant un hélicoptère Dragon et des sauveteurs aquatiques. Je veux d'ailleurs remercier ici l'ensemble des agents de secours mobilisés à cette occasion.
Sur le fond des choses, j'ai déjà eu l'occasion de répondre à M. Théophile que nous agissons à la fois pour la protection des populations et sur les causes des maux climatiques que vous avez pu citer, tout comme sur leurs conséquences.
Concernant la protection, j'ai eu l'occasion d'évoquer les plans de prévention construits avec les collectivités, ainsi que la mise en service des supercalculateurs de Météo France, à Toulouse, qui permettent depuis la fin de 2020 d'accroître notre horizon de prévision de quelques heures. Nous savons que ces heures sont précieuses dans ces moments tout à fait dramatiques !
Nous agissons par ailleurs, notamment dans le projet de loi Climat et résilience, pour renforcer notre capacité de prévention de l'urbanisation et de l'imperméabilisation des sols, dont vous savez qu'elles sont un facteur qui contribue aux inondations et aux phénomènes de ruissellement.
Enfin, nous agissons grâce au fonds Barnier pour régénérer un certain nombre de digues et de berges, de manière à nous adapter à ce réchauffement que nous subissons d'ores et déjà.
Le Haut Conseil pour le climat comme le Conseil d'État nous appellent, au contraire de ce que vous avez suggéré, monsieur le sénateur, à mettre en œuvre l'ensemble des mesures débattues, votées et promulguées sur l'initiative de ce gouvernement. En le faisant, nous serons au rendez-vous des exigences des accords de Paris ; j'en suis convaincu. En tout cas, vous pouvez compter sur la détermination totale du Gouvernement en la matière.