M. le président. La parole est à M. Laurent Burgoa, pour le groupe Les Républicains. (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Laurent Burgoa. Monsieur le ministre, il y a quelques jours, dans mon département du Gard, le feu a consumé 900 hectares en près de vingt-quatre heures ! Bordezac, Bessèges, Gagnières, Générac ou encore Alès n'ont pas été épargnés. Aujourd'hui, de nombreux Gardois s'apprêtent à vivre leur été dans l'angoisse permanente de ces flammes.
Je veux rendre ici un hommage appuyé aux sapeurs-pompiers mobilisés. C'est grâce à leur bravoure et à la réactivité des maires concernés, en lien avec le sous-préfet d'arrondissement, qu'aucune habitation n'a été touchée.
Reste que ces feux, s'ils peuvent être des drames humains, sont toujours un désastre écologique.
Monsieur le ministre, il faut absolument adapter nos textes à nos territoires. En effet, il arrive qu'au nom de la biodiversité des élus départementaux ou municipaux ne puissent débroussailler les abords des routes comme ils le souhaiteraient afin d'en faire de véritables coupe-feux. Il faut davantage laisser les préfets concilier ces deux objectifs qui, je tiens à le redire, ne sont pas antinomiques.
Surtout, nos communes rurales du Gard s'étendent souvent sur de nombreux hectares ; elles ne peuvent assumer seules ce risque qui, malheureusement, est amené à s'amplifier. Le débroussaillement a un coût aussi important que son utilité, tout comme l'entretien des voies de défense de la forêt contre les incendies (DFCI) ou encore des vigies.
Monsieur le ministre, vous conviendrez que les feux coïncident rarement avec les limites administratives ; la lutte contre les incendies doit donc pouvoir compter sur le soutien total de l'État. Allez-vous donc renforcer les moyens financiers des collectivités concernées par cet aléa ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, monsieur le sénateur Burgoa, comme vous, je voudrais rendre hommage aux services de l'État, aux sapeurs-pompiers, aux gendarmes et policiers, aux élus locaux, souvent des maires de communes rurales, qui, au risque de leur vie, préviennent les populations, organisent les secours et luttent des jours et des nuits contre ces feux, dans le Gard récemment, en ce moment en Gironde, et partout sur le territoire national, car il y a désormais de nombreux feux même au nord de la Loire et non plus seulement dans le sud du pays.
Vous témoignez des feux qui ont durement touché votre département il y a quelques jours ; aujourd'hui, c'est le cas de la Gironde, où je vais me rendre dans quelques heures. À tous, je veux apporter mon hommage et, je le sais, celui de la Nation tout entière.
Votre question appelle deux types de réponse.
D'une part, pour éviter que ces feux ne se propagent, il faut résoudre une question d'aménagement. Si l'été est cette année particulièrement meurtrier pour la forêt, avec quasiment 5 000 hectares brûlés à une date où, l'année dernière, il n'y en avait que 500, c'est avant tout du fait de la sécheresse. En effet, depuis cinq ans, la moyenne du nombre d'hectares de forêt détruits par les feux diminue, grâce notamment à la réorganisation des services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) et aux nouveaux moyens technologiques de Météo-France – mon collègue Christophe Béchu connaît bien ces supercalculateurs –, mais aussi aux investissements déployés grâce à l'Union européenne : 90 % des Canadair, des Dash et des hélicoptères déployés contre l'incendie – il en arrivera d'ailleurs dans les prochaines semaines à la base de Nîmes – sont financés par celle-ci.
Vous avez évoqué un autre aménagement qu'il conviendrait peut-être de revoir du fait du réchauffement climatique. Sur ce point, le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires travaille avec le ministère de l'intérieur et les départements pour résoudre l'équation que vous avez mentionnée, entre le souci de préserver la biodiversité et celui d'éviter la propagation des feux, alors que les conditions climatiques font qu'ils se propagent de plus en plus rapidement.
D'autre part, si vous m'y autorisez, monsieur le président, je veux redire ce qu'a relevé très justement Marc Fesneau : neuf feux sur dix sont d'origine humaine !
Certains départs de feux sont le fait de nos comportements. Ainsi, alors que les Français partent en vacances, le moment est propice pour rappeler les conséquences que peuvent avoir, autour des aires d'autoroute par exemple, les barbecues sauvages, qui sont bien évidemment interdits.
D'autres départs de feux sont le fait de pyromanes. Sur ce point, je veux ici redire devant le garde des sceaux que mettre le feu à une forêt expose à une condamnation à dix ans de prison.
On voit donc bien que, malheureusement, de très nombreux feux sont d'origine humaine. Alors, oui à l'aménagement rural, mais il faut aussi corriger le comportement humain, qui est responsable de neuf feux sur dix.
M. le président. La parole est à M. Laurent Burgoa, pour la réplique.
M. Laurent Burgoa. Merci, monsieur le ministre, d'avoir rendu hommage aux sapeurs-pompiers, mais je vous demandais si vous alliez accorder une aide financière supplémentaire aux élus locaux ; sur ce point, malheureusement, je n'ai pas eu de réponse. Vous le savez, les élus locaux savent s'adapter ; ce qui leur manque le plus, ce sont des moyens financiers ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)