M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Valérie Boyer. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
Monsieur le ministre, il y a une semaine, parce qu'ils ont tenté d'interpeller un homme ayant commis un vol à l'arraché, trois policiers en civil ont été violemment attaqués à Lyon, dans le quartier de la Guillotière. Au nom du groupe Les Républicains, je veux leur dire notre total soutien.
Selon le garde des sceaux, la France n'est pas un coupe-gorge. Permettez-moi pourtant de rappeler le cas de ce médecin militaire, poignardé à mort à Marseille, devant ses enfants, sans qu'un hommage national lui ait été rendu : Alban Gervaise, mort sans la France.
La presse quotidienne régionale nous informe de ces attaques. Pour les derniers jours, il faut citer Angers, Amiens, Montpellier, Loriol-sur-Drôme, Metz et tant d'autres communes qui ont connu ces drames. Ces attaques au couteau sont parfois le fait d'étrangers déjà connus défavorablement des services de police, ce qui nous plonge dans l'incompréhension.
Aussi, monsieur le ministre, pouvez-vous nous dire si ces attaques contre des personnes, dont des policiers, relèvent d'un simple sentiment d'insécurité ou s'il s'agit d'une réalité ? Et que comptez-vous faire pour y remédier ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Alain Duffourg applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'intérieur et des outre-mer.
M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer. Madame la sénatrice, si je puis me permettre, vous avez un peu tout mélangé. Je vais donc revenir sur les différents faits que vous avez mentionnés et qui sont tous des drames.
Je veux rendre hommage aux policiers qui ont procédé à l'interpellation ayant eu lieu à Lyon, dans un quartier de reconquête républicaine, celui de la Guillotière, où nous avons déployé 31 policiers depuis le 1er janvier dernier, où il y a eu 475 interpellations et où le nombre de gardes à vue et de trafiquants arrêtés a augmenté de 240 %. Ces policiers en civil ont fait honneur à leur uniforme, si j'ose dire, en intervenant.
Des opérations de police sont commandées tous les jours pour faire régner l'ordre de la République dans ce quartier, qui connaît depuis trente ans des difficultés extrêmement fortes, comme d'autres quartiers de la République.
Vous évoquez des étrangers en situation régulière ou irrégulière qu'on laisserait libres de commettre des actes délictuels ou criminels. Je me suis exprimé très clairement à ce sujet et je rappelle que, depuis deux ans, nous avons expulsé 3 000 étrangers délinquants. Nous continuerons en ce sens, et j'espère que le Parlement nous y aidera.
Dans la malheureuse et terrible affaire d'Angers, le réfugié qui a commis ces actes – il n'y a manifestement aucun doute possible sur ce point – n'était pas connu des services de police. Il ne faut donc pas tout mélanger, madame la sénatrice, d'autant que vous siégez dans une assemblée sérieuse. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Valérie Boyer, pour la réplique.
Mme Valérie Boyer. Monsieur le ministre, lorsque des personnes sont attaquées de la sorte, comment pourrait-on « tout mélanger » ? Il s'agit tout simplement d'attaques et de vies brisées.
Me serais-je trompée, ou étiez-vous bien ministre ces dernières années ? (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)
Non seulement vous semblez découvrir les faits, mais vous reprenez aussi une partie des propositions que nous avions formulées, alors qu'elles ont été rejetées avec mépris sous les quinquennats Hollande et Macron. Les peines planchers pour ceux qui attaquent nos forces de l'ordre ? Rejetées ! Les places de prison supplémentaires ? Nous attendons encore. L'expulsion des étrangers qui représentent une menace ? Rejetée, elle aussi !
Vous citiez des chiffres, mais ils sont largement insuffisants, et les propositions que nous avons formulées, vous les avez toutes méprisées.
Aujourd'hui, on recense en moyenne 120 attaques à l'arme blanche, chaque jour, en France, selon l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), qui a malheureusement été supprimé. Alors que ces attaques étaient auparavant souvent liées au terrorisme islamique, elles sont désormais reléguées à la rubrique des faits divers.
Pourtant, vous prononcez toujours les mêmes mots. Vous nous dites que « nous mélangeons tout » ou bien que ces attaques relèvent de « risques incontrôlables », sont le fait « de déséquilibrés » ou sont « des actes isolés », ce qui est un déni de la réalité. Vous considérez souvent nos questions comme illégitimes, vous les qualifiez même de « nauséabondes », et nous ferions de la « récupération politique ».
Monsieur le ministre,…
M. le président. Il faut conclure !
Mme Valérie Boyer. … j'ai le regret de vous dire que les tweets ne remplacent pas l'action. Combien de vies ont été blessées, perdues ou abîmées parce que vous n'avez pas repris nos propositions ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Alain Duffourg applaudit également.)