Une partie des habitants du village pyrénéen de Saint-Béat, meurtri par la crue de la Garonne en juin, a décidé de porter plainte contre les pouvoirs publics pour non-assistance à personne en danger, ont indiqué jeudi 28 novembre des porte-parole de leur collectif.
La plainte déposée cette semaine à la gendarmerie vise le refus qu’opposent selon eux les services de l’Etat à leurs demandes pressantes de travaux lourds pour sécuriser le fleuve et empêcher une répétition encore plus grave des évènements de juin, ont déclaré deux animateurs du collectif « Sortir de l’eau ».
Saint-Béat vit dans « la psychose » de nouvelles inondations, affirment Alain Frisoni et Luce Lagacherie, chevilles ouvrières d’un collectif qui compte selon eux 750 membres alors que la commune n’a que 400 habitants. « Dès qu’il pleut trop fort, les gens font le tour du village pour savoir s’il faut remonter les meubles », dit M. Frisoni.
« On a peur qu’il arrive une autre catastrophe, avec peut-être des morts », dit-il. « On se sent en danger moral et physique », abonde Mme Lagacherie. L’inquiétude est vive avec l’arrivée des intempéries hivernales, suivies au printemps par la fonte des neiges, disent-ils.
Impact des aménagements côté espagnol - Saint-Béat a été durement touché en juin quand, sous l’effet des pluies et de la fonte de volumes de neige exceptionnels, la Garonne s’est transformée en torrent recouvrant les rues sous presque deux mètres d’eau. Plus de cinq mois après, le village peine à revenir à la vie.
Le collectif et l’Etat s’opposent sur l’analyse du problème. M. Frisoni et Mme Lagacherie voudraient faire endiguer la Garonne dans Saint-Béat. Ils brandissent l’exemple des aménagements auxquels ont procédé les Espagnols sur le fleuve de l’autre côté de la frontière voisine. Les travaux effectués en Espagne augmentent leur angoisse car la puissance du fleuve risque de s’en trouver redoublée sur le versant français, disent-ils.
Le préfet de la Haute-Garonne, Henri-Michel Comet, admettait lundi 25 novembre que Français et Espagnols n’avaient « pas la même façon de faire ».
« Nos amis espagnols mettent le cours d’eau dans un canal. Evidemment, les risques sont plus immédiatement maîtrisés. Mais ça présente deux inconvénients : au regard de la protection de la nature ; et en termes de sécurité, cela reporte le risque sur l’aval, l’eau circule encore plus vite, sans obstacle et cela peut créer une vague de plus en plus ample sur l’aval », disait-il.
Les Français préfèrent que le fleuve suive son cours naturel et s’étale dans des champs d’expansion. Cette vision est aussi celle des défenseurs de l’environnement, soulignait-il.