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"Explorez les exceptionnelles qualités de ces avions qui luttent sans relâche contre les incendies. Pilotés par des équipages chevronnés, ils parviennent à atteindre les zones les plus inaccessibles et à effectuer des largages d'une incroyable précision."
"Le Canadair, rouge et jaune, est tellement devenu emblématique, que sa notoriété en a fait un nom commun. Celui des avions de lutte anti-incendie. Sauveur de vies, sauveur de forêts, sauveurs d’habitations. Mais avant tout, il s’agit du patronyme de la société aéronautique canadienne, lointaine héritière du britannique Vickers constructeur historique d’avions et de navires, qui la première s’est lancée dans la fabrication d’un avion spécialement conçu comme bombardier d’eau, le fameux CL-215 amphibie. Jamais un engin n’avait été développé pour une mission si particulière. Trapu, ailes hautes surmontées de deux gros moteurs, il est utilisé par la Sécurité civile française depuis 1969. A partir de 1989, il sera progressivement remplacé par une version plus puissante, le CL-415, mais conservera la même allure. Douze de ces appareils sont aujourd’hui opérationnels sur le territoire. A l’aise au contact des quatre éléments, la terre, l’air, l’eau et le feu, ces qualités ont fait du Canadair un vieux briscard du travail aérien. Non seulement il possède une bonne vitesse ascensionnelle et une bonne maniabilité à faible vitesse, il est aussi capable de résister à de très fortes contraintes lors de l’écopage et du largage. En effet, il possède, notamment grâce à sa coque, la capacité d’amerrir pour remplir ses réservoirs à la surface d’un lac ou de la mer. Pour cela, il faut un plan d’eau de 1200 m de long, large de 90 m et profond de 2 m. Six tonnes d’eau sont avalées en 12 secondes. Cette faculté permet des rotations bien plus rapides que celles que peut réaliser un avion classique contraint de se poser sur un aérodrome pour se ravitailler. Ainsi, il peut effectuer jusqu’à 10 largages par heure en fonction de la distance entre le feu et le plan d’eau.Ces redoutables machines sont pilotées par des équipages très expérimentés, souvent des anciens de la chasse, de l’aéronaval, ou même de la patrouille de France. Dans cette guerre du feu, il faut être acrobate, savoir rejoindre des endroits inaccessibles, à flancs de pentes ou au fond des vallées, tout en évitant les lignes à haute tension, la fumée, les oiseaux, en rasant les habitations, les cimes des arbres, en se coordonnant avec les pompiers au sol pour se diriger vers les points chauds. Et surtout, faire un largage précis pour être efficace. Au moment opportun, l’avion se débarrasse de 6 000 litres d’eau en 2 secondes, à une hauteur d’une trentaine de mètres, à 200 km/h. Avec plus de 70 000 hectares partis en fumée, « l’année 2022 représente une multiplication par sept de la surface brûlée par rapport à la moyenne des vingt dernières années (…). Elle marque incontestablement la fin d’un cycle de modération », explique le Sénat dans son avis rendu sur la sécurité civile. L’an dernier, des zones d'habitude épargnées, comme le Jura ou la Bretagne avaient été touchées. Et cinquante départements avaient été concernés par des incendies. Avec l'augmentation du nombre de feux de forêt dus aux changements climatiques, les avions bombardiers d’eau sont en première ligne pour conduire la contre-offensive. C’est pour cette raison que le fabricant actuel du Canadair, De Havilland, a lancé une nouvelle version du CL-415, pour répondre aux commandes des états, dont la France. Le programme qui doit donner naissance au DHC-515 ne va pas révolutionner les lignes de l’appareil qui a largement fait ses preuves. Il consiste en une mise à niveau complète du poste de pilotage avec une suite avionique apportant plus de fiabilité, plus de sécurité et une meilleure connaissance de la situation. L’ensemble de l’instrumentation de vol, où figure encore des indicateurs à aiguilles classiques, sera remplacé par des écrans multifonctions de grande taille. La structure intégrera de nouveaux matériaux et une protection accrue contre la corrosion pour réduire les coûts de maintenance. Les appareils de cette future génération donneront un nouveau souffle à la flotte aérienne française. Les douze Canadair CL-415 ont un âge moyen de 25 ans. Leur vétusté implique des efforts significatifs de maintenance pour assurer leur maintien opérationnel, les immobilisant souvent pour de longues périodes, dans un contexte de raréfaction des pièces détachées puisque ce modèle vieillissant n’est plus commercialisé. Cependant, même si deux exemplaires du DHC-515 devraient être reçus aux alentours de 2026, le remplacement intégral de tous les appareils ne devrait avoir lieu qu’au cours de la décennie 2030, après plus de 30 ans d’exploitation. Avec ces acquisitions, la flotte devrait être portée à 16 Canadair."
Par Charles Lescurier, Karim Aït Tabet, Nicolas Dunis, Stéphane Saulnier [Si vous souhaitez consulter des articles non téléchargeables, veuillez-nous en faire la demande par mail] |