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Où se placent les valeurs dans l'organisation de nos pensées ?

Objectifs :

Cette fiche a pour but de vous expliquer où se situent les valeurs dans notre mécanisme d'analyse des situations.

Cibles :

Les sapeurs-pompiers.

Références :

« Traité des valeurs à l'usage des sapeurs-pompiers », Colonel Bruno BEAUSSE, Les Presses de l'ENSOSP.

Contenu :

De nombreux travaux ont été réalisés sur l’organisation de la pensée sociale [1], ceux-ci permettant d’expliquer comment fonctionne la pensée lorsqu’elle interprète un évènement. Globalement et de manière très synthétique, la base de notre pensée sociale est ce que l’on appelle l’idéologie dans laquelle nous pouvons entre autre placer les valeurs qui nous constituent. À partir de cette idéologie, nous construisons nos représentations sociales qui est ce qui nous permet de recréer notre réel, et c’est l’ensemble qui déterminera quelles seront nos attitudes puis enfin nos opinions.

Pyramide

Ce qui représente la partie la plus solide dans l’élaboration de nos pensées sociales, c’est la base de cette pyramide, à savoir l’idéologie constituée notamment de nos valeurs, et cette base est la partie la plus solidement ancrée en chacun de nous et la plus difficilement modifiable.

En ce qui concerne les étages supérieurs de cette pyramide, l’aspect modifiable est d’autant plus aisé lorsque l’on se rapproche du haut de la pyramide et c’est ainsi que les opinions et les attitudes sont plus « malléables » que les éléments de base (idéologies, valeurs, représentations sociales).

Les valeurs sont donc des éléments forts de chaque individu et chacun possède sa propre hiérarchie de valeurs qui est le fruit de son éducation et de son milieu. Il est donc très difficile de faire évoluer chez un individu la hiérarchie de ses valeurs qui le constituent. Cette dernière est très stable dans le temps et si évolution il y a, soit celle-ci est très lente, soit elle est le fait d’un évènement majeur de sa vie. Dans la mesure où une grande stabilité existe dans cet édifice qui constitue chacun d’entre nous, c’est cette hiérarchie dans nos valeurs qui guide nos choix et en particulier nos choix professionnels.

C’est ainsi que le fait de s’engager dans des métiers au service des autres comme celui de sapeur-pompier, n’est pas un choix innocent ni le fruit du hasard, il est une réponse spontanée aux éléments constitutifs de base de ce que chacun est.

Mais qu’en est-il de ces valeurs et ont-elles fait l’objet d’une sorte de classement ? Depuis longtemps, les chercheurs essaient de trouver une sorte de consensus sur le sujet, et c’est ainsi que progressivement ils sont arrivés à définir un ensemble de dix valeurs types et ces types de valeurs entretiennent des relations conflictuelles ou de compatibilités les uns avec les autres.

Par ailleurs, si un grand nombre d’autres valeurs pouvaient être données, chacune pouvait être associée à l’un de ces dix types de valeurs de base.

Afin de mieux imager tout cela, Shalom SCHWARTZ, en 1992, mit au point ce qu’il appela le « circumplex », c’est-à-dire qu’il disposa ces dix types de valeurs sur un cercle qui permettait de mieux voir les compatibilités et les conflits entre valeurs types.

Cette figure permet de mieux visualiser les conflits possibles et les compatibilités. Il est effectivement probable de voir apparaître des conflits entre, par exemple, des valeurs comme tradition et hédonisme ou entre autonomie et sécurité. Et si un individu a, dans sa hiérarchie des valeurs, les valeurs tradition et conformité comme valeurs principales, il y a fort à penser qu’on le retrouvera dans des métiers attachés aux traditions (militaires, etc.). Et à l’inverse, si sa hiérarchie des valeurs se trouve dominée par l’hédonisme et la stimulation, nous le verrons plus facilement dans des métiers comme artiste par exemple.

Structure du système de valeurs, le « Circumplex » de Shalom SCHWARTZ

Ce qui est important de savoir, c’est qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise hiérarchie de valeurs. Chacun a la sienne et comme les valeurs sont intrinsèquement positives, il est inutile de poser un jugement moral sur celles que possèdent les uns ou les autres. Par contre, quelle que soit cette hiérarchie de valeurs, celle-ci ne présumera en rien des buts qui seront suivis, qui eux peuvent être mauvais. En effet, nous avons des exemples dans le passé de personnes qui, animées par des valeurs d’humanisme et de bonté, n’hésitaient pas à pratiquer l’euthanasie hors de tout contrôle.

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[1] Notamment ceux de Michel-Louis ROUQUETTE.