Pratique du retour d'expérience
Retour d'expérience - Témoignage - Inondation - Prévention des risques
Dans le cadre de l'atelier 3 intitulé "le retour d'expérience post-événement : quels enjeux ? quelles évolutions souhaitables ?" des Assises Nationales des Risques Naturels 2016, l'historien Denis Coeur a réalisé une intervention sur la réalisation d'un documentaire concernant les inondations du Rhône en 2003. Il s'agit d'une autre forme du retour d'expérience qui mobilise le vécu des acteurs au moyen de la technique audiovisuelle et de la pratique dite du "storytelling" en sciences sociales. Pour l'auteur, tout territoire exposé à un événement naturel destructeur récurrent a le devoir de mémoire. Cette mémoire participe à la culture du risque qui vise à développer une attitude préventive et à avoir les bons comportements pendant le déroulement de l’événement et la gestion de crise.
Acteurs du secours - Élus - Citoyens
Aujourd’hui, chaque citoyen doit pouvoir s’approprier et s’inscrire dans ce processus pour devenir un partenaire à part entière de la prévention.
Les inondations du Rhône aval de décembre 2003 ont donné lieu à un ensemble de rapports techniques. Cette matière constituée d’analyses scientifiques ou de dossiers à caractère administratif représente l’essentiel de la mémoire actuelle de l’événement. Or, l’inondation fut aussi un événement humain dramatique à la fois individuel et collectif.
En dehors de quelques enregistrements sur le vif réalisés pour les besoins des médias, que reste t-il du vécu et de ces engagements ? Quels témoignages et quelles traces garde t-on ? Qu’en sera t-il dans les décennies à venir ? Car la mémoire des évènements, mêmes tragiques, s’estompe avec le temps.
Ce constat révèle le rapport ambivalent que chacun entretien avec le risque, ce balancement entre peur et déni du danger, entre souvenir et oubli.
A la faveur de ces constats, la DIREN de Bassin Rhône-Méditerranée a souhaité en 2007, dans le cadre du volet « Inondations » du Plan Rhône, accompagner financièrement le projet conduit par Denis Cœur, historien, et Gilles Charensol, directeur de la Cinémathèque d’Images de Montagne de Gap.
Ce travail exploratoire a débouché sur la réalisation d’un film et d’autres outils qui ont vocation à valoriser et inscrire dans le temps cette mémoire collective sur la crue de décembre 2003 du Rhône aval.
Le documentaire qui a été réalisé pour constituer une mémoire des évènements passés présente une certaine originalité au regard des différents points de vue des acteurs tels qu’ils sont relatés. La prise en compte du facteur humain à travers sa propre histoire permet de dépasser les approches techniques si classiques dans les processus de retour d’expérience. Le récit du vécu des acteurs permet de mieux appréhender le ressenti humain des décideurs mais aussi des citoyens ayant vécu un même évènement.
La narration (concept de storytelling) exprime la réalité perçue des acteurs qui souhaitent décrire les faits réels à travers une interprétation basée sur leur ressenti, leur vécu, leur expérience. Cette technique implique un double objectif : formuler un récit et raconter une histoire tout en exprimant une idée forte par l’interprétation des éléments qui sont racontés et qui fait acte de parole. Lorsque la narration s’inscrit dans un processus de changement et dans la mise en scène d’acteurs dont l’intention est animée par le besoin d’accomplir une quête ou la volonté de justifier une action, une situation ou un état (principe de faire et en l'occurrence ici de prendre des décisions). La poursuite de la quête est liée à l’apparition d’un phénomène perturbateur (un aléa) provoquant un enchaînement d’action de transformation (faire évacuer la population par exemple) dans le but de résoudre un problème ou une difficulté (limiter le nombre de victimes). La narration permet la construction de savoirs issus de l’expérience et dont la formalisation permet leur diffusion et un partage collectif.
Au-delà du travail de mémoire, ce partage d’expérience favorise la création d’une grille de lecture pour mieux comprendre les décisions et les actions prises et, en conséquence, de tirer des enseignements facilitant la compréhension de la situation par la représentation qu’en ont les acteurs ainsi que leur conscience de situation (faire évacuer les lieux avant que l’eau n’ensevelisse les quartiers et génèrent de nombreuses victimes piégées par la montée des eaux). Ce documentaire a permis de créer des scénarios spécifiques pour mettre en œuvre des exercices de préparation à la gestion de crise. Il s’agit d’une autre perspective du retour d’expérience qui est celle du « regard humain » à travers le récit de son histoire et du sens qu'il souhaite lui donner.
Liens spécifiques (parties du documentaire) :
Témoignages des maires (15 mn) : http://www.cimalpes.fr/Films-de-montagne-Inondations-du-Rhone---Des-maires-en-responsabilite---2-752-1706-0-2.html?ref=53738b25202a564a6fd53e020d02a3f1
Témoignages des maires (25 mn) : http://www.cimalpes.fr/Films-de-montagne-Inondations-du-Rhone---Des-maires-en-responsabilite---1-752-1707-0-2.html?ref=26d7af46a962416e53c9d057802e56c4
Témoignage d'un habitant - Ma maison dans l'inondation (18 mn) : http://www.cimalpes.fr/Films-de-montagne-Inondations-du-Rhone---Ma-maison-dans-l-inondation-752-1708-0-2.html?ref=26d7af46a962416e53c9d057802e56c4