Le retour d’expérience est un outil de gestion qui permet de favoriser l’apprentissage dans les organisations. Il doit favoriser la production des enseignements dans l’idée de rendre les individus plus apprenants. C’est un processus d’exploration des opérations qui s’intéresse à la formation professionnelle, à l’expérience des agents et à la connaissance en acte mise en œuvre au sein des organisations

Actualité

Retour d'Expérience Opérationnel

Partages d'Expérience proposés par le SDIS 66 sur la gestion du secours à personne par la plateforme commune (PEX 4) et sur la sécurité dans la lutte des feux de forêts (PEX 5)

07/11/16

Le service "Prévision, planification et mise en œuvre opérationnelle" du SDIS 66 nous propose deux partages d'expérience. Le partage d’expérience n°4 traite d’un cas de secours à personnes pour une victime en arrêt cardio respiratoire par le SDIS et le SAMU. Il valorise notamment l'emploi d'un appareil de massage automatique par les SP, la plateforme commune et la bonne coordination des actions entre le SDIS et le SAMU. Le second PEX (N°5) aborde la thématique de la sécurité dans le cadre de la lutte en feux de forêts avec la manœuvre d’auto-défense du GIFF. Ce document rappelle que la vigilance doit être maintenue quelle que soit la phase de gestion du chantier, cette vigilance est d’autant plus importante dans le cadre des périodes nocturnes où la fatigue s’installe et la perception des phénomènes est rendue plus difficile avec l’obscurité.

PEX n°4 : Secours urgent à personnes avec appareil de massage automatique

La prise d’appel arrive au CTA pour une personne victime d’un malaise et entraîne l’engagement immédiat d’un VSAV. Une régulation est réalisée avec le SAMU pour identifier l’origine du malaise. Après discussion avec la famille de la victime, l’opératrice du SAMU engage un SMUR pour un arrêt cardio-respiratoire. Pendant son transit, le chef d’agrès du VSAV demande parallèlement l’engagement d’un lot ACR lorsqu’il apprend l’engagement du SMUR. En attendant l’arrivée du VSAV, l’opératrice indique à la famille d’effectuer un massage cardiaque. L’emploi du lot ACR par les SP permet de ne pas interrompre la RCP initiée par la famille et de maintenir la victime en vie jusqu’à sa médicalisation par le SAMU et son transit jusqu’à l’hôpital. Ce PEX met en évidence plusieurs enseignements importants ayant contribué au secours de cette personne :

-        La bonne régulation de l’intervention sur la plateforme commune entre les opérateurs du CTA et du SAMU

-        La décision d’engagement du lot ACR par le chef d’agrès du VSAV

-        Le rôle de l’opératrice SAMU pour le diagnostic de la victime et la mise en œuvre d’une RCP par la famille

-        Le matériel adapté (lot ACR) pour la médicalisation de la victime

-        La coordination entre le SDIS et le SAMU

L’emploi d’un matériel adapté et spécifique associé à des compétences maintenues en secourisme pour la pratique d'une RCP dans le cadre de la préparation des sapeurs-pompiers durant leur temps de garde est une condition essentielle. Ce cas illustre également la bonne coordination entre le SAMU et le SDIS (plateforme commune) dans l’analyse de la situation et les décisions prises. Enfin, ce PEX met en évidence l’importance des formations en secourisme auprès du grand public pour la réalisation des « gestes qui sauvent ». Dans ce cas, le rôle des opérateurs lors de la prise d’appel (régulation puis diagnostic du problème et conseils pour une RCP manuelle) ont également largement contribué au sauvetage de la victime. Ce n’est donc pas un acteur du secours mais toute la chaîne des secours qui a permis la prise en charge de la victime dans des conditions optimales.

PEX n°5 : Auto-défense du GIFF en présence d’un phénomène thermique supposé

Après une manœuvre d’attaque par jalonnement sur un flanc du feu, le personnel du GIFF est mis au repos pour récupérer et se restaurer sur sa position d’attaque. Il fait nuit et très rapidement le feu qui continue de se propager va se renforcer en ligne de crête avec le vent dominant et s’engouffrer dans un talweg redescendant rapidement sur la position du GIFF. Le personnel se trouve contraint d’activer l’autoprotection des engins et de mettre en œuvre une manœuvre d’auto-défense pour assurer la protection collective du groupe. Plusieurs raisons expliquent cette situation.

La première est liée à la fatigue des personnels et à la phase de repos qui génère une moindre attention sur l’environnement du groupe. Le feu n’est pas fixé, il est actif et des actions de lutte et de génie sont en cours pour la création d’itinéraire et la poursuite de l’extinction.

La seconde raison est liée à la perception du feu par le groupe. Le feu se développe vers la ligne de crête et au-dessus de leur position, le personnel du GIFF ne se sent donc pas directement menacé en cas d’évolution. Ce sentiment est d’autant plus fort que leur action est conduite sur un flanc du feu et non dans le sens de propagation.

Enfin, une troisième raison vient de la difficulté à prendre en compte la topographie des lieux (talwegs, pierrier…) et la distinction entre une continuité végétale dense et rapidement inflammable (ex zone de genêt purgatif) et une végétation moins sensible au feu. La nuit ne permet pas de voir tous ces éléments et, en conséquence, de prendre conscience des dangers de son environnement.

L’absence d’une vigilance active sur la situation entraîne la précipitation lorsque le personnel comprend que le feu a pris un talweg en phase descendante et se dirige sur leur position. Néanmoins, leurs actes réflexes sont cohérents et la manœuvre d’autodéfense mise en œuvre leur permet de se préserver eux et leurs engins, seul le matériel d’extinction utilisé pour la manœuvre de jalonnement sera impacté par le passage du feu. L’intelligence collective a permis de prendre la bonne décision compte tenu des circonstances.

Il est important de rappeler que la communication sur un chantier est importante tout comme la vision commune de son évolution. Ne pas oublier d’utiliser la fréquence radio de sécurité pour permettre au COS comme au PC d’engager rapidement des renforts pour la prise en charge des personnels exposés au danger (SOUSAN, moyens aériens en période diurne pour largage de sécurité). Ce cas permet de rappeler que les manœuvres d’autoprotection et d’autodéfense doivent être connues pour limiter les situations à risques. La nuit, la vigilance doit plus que jamais être une condition essentielle de la sécurité. Le déploiement d’une sentinelle peut contribuer à éviter ces situations en prévenant du danger (en cas d’évolution défavorable du feu) et en ayant reconnu au préalable un itinéraire de secours pour l’évacuation du GIFF lorsque celle-ci est envisageable.

Publié le 07/11/16 à 09:11