La mise en œuvre opérationnelle est au fondement même du métier de sapeur-pompier. La connaissance des risques, la maîtrise des techniques et l’expérience partagée concourent à apporter une réponse opérationnelle efficiente. Enrichissons cet espace dans l’intérêt collectif.

Actualité

DOSSIER

La coordination aérienne en cas de catastrophe naturelle sur le territoire national : l'expertise de l'armée de l'air au profit des acteurs de la sécurité civile

01/02/18

La gestion d’une catastrophe naturelle sur le territoire national nécessite parfois l’engagement de capacités opérationnelles issues de différents ministères dans l’objectif d’assurer de façon optimale les missions de secours. Mais un domaine en particulier rencontre des problématiques de sécurité dans le cadre du risque inondation notamment. Il s’agit de la gestion des vecteurs évoluant dans la 3e dimension car elle nécessite des compétences en optimisation de l’emploi et en sécurité des vols lorsque plusieurs aéronefs issus d’organisations différentes sont engagés dans un contexte dégradé. Le propos de cet article concerne l’expertise en coordination aérienne développée par l’armée de l’Air et la manière dont cette expertise a été progressivement intégrée dans les dispositifs de gestion de crise sur le territoire national.

1. L’origine d’une intégration de l’armée de l’Air dans des dispositifs de gestion de crise : le besoin d’une compétence en sécurité aérienne

Dans le cadre de ses fonctions sur le territoire national, l’armée de l’Air exerce une mission de contrôle du ciel. Elle apparaît sous les traits d’une armée dite technique et ingéniérique en raison de la composante aéronautique qui impose un haut niveau de qualification. Cette armée se distingue par le milieu au sein duquel évolue ses combattants. Le milieu aérien nécessite une expertise dans la troisième dimension et des compétences en sécurité aérienne.

1.1 L’intégration d’une compétence militaire dans un dispositif de sécurité civile

Cette compétence unique des armées se traduit par le contrôle (commandement) des opérations aériennes qui est un concept militaire qui désigne deux activités que sont la coordination des moyens aériens (sécurité des vols) et l’optimisation des moyens (économie des moyens et concentration des efforts dans le cadre d’une manoeuvre planifiée - leur gestion opérationnelle). Ce concept permet d’assurer une activité d’appui aux autorités civiles des départements en cas d’événements nécessitant un engagement de moyens aériens important. La participation de l’armée de l’Air à ce type de dispositif relève du besoin d’une connaissance de la gestion de l’espace aérien dans un cadre spécifique qui est, par exemple, déterminé par un risque naturel tel que les tempêtes ou les inondations. C’est en 2003 que le besoin d’une fonction de sécurité des vols a été observé par les équipages de la sécurité civile lors des
inondations du Rhône dans le département du Gard. De cette situation, où des risques d’abordage entre aéronefs ont été élevés, est née l’instruction interministérielle du 13 janvier 2004 (NORDEFE0453621 J) relative à la coordination des moyens aériens en cas de crise localisée sur le territoire national. En effet, en cas de tempêtes ou d’inondations, le vecteur aérien devient un outil indispensable afin d’effectuer des reconnaissances sur les lieux du sinistre et d’assurer les sauvetages rapides des personnes inaccessibles par voie terrestre.

La fonction de sécurité des vols est la principale raison pour laquelle une structure de coordination aérienne a été intégrée au sein d’un dispositif de sécurité civile. La culture professionnelle de l’armée de l’Air se traduit par une expertise du commandement des opérations aériennes et de la gestion de la 3e dimension (feux dans la profondeur – artillerie sol-sol, dispersion de mines, dispositif de défense anti-aérien, …) s’intégrant dans une manoeuvre globale des forces sur des théâtres d’opérations extérieures ou intérieures. Elle détient donc des compétences nécessaires à cette activité et aisément transposables lors d’opérations de secours. La fonction de sécurité des vols est uniquement assurée en mode d’autogestion entre équipages lors des opérations de secours. Cette gestion mobilise l’attention des équipages particulièrement sollicités par ailleurs en raison des conditions délicates d’engagement et des situations de vol souvent difficiles. C’est la raison pour laquelle ce déficit capacitaire se manifeste principalement sur des opérations dimensionnantes nécessitant un nombre d’aéronefs élevé dans un périmètre géographique restreint.

Afin d’intégrer cette compétence à un dispositif de sécurité civile existant, une structure légère a été définie pour répondre aux besoins opérationnels exprimés par la sécurité civile. Cette structure, appelée C3D, est constituée de trois composantes : le Conseiller Aéronautique Militaire (CAM), la Cellule d’Activité Aérienne (CAA) et le Poste d’Information en Vol (PIV). En pratique, le conseiller aéronautique militaire (CAM) est le référent auprès des autorités civiles locales pour conseiller et mettre en oeuvre les interdictions de survol décidées par le directeur des opérations de secours (DOS) et le dispositif militaire de coordination aérienne et en assurer un suivi des actions. La cellule d’activité aérienne (CAA), centre nerveux du dispositif placé sous la responsabilité du DOS, assure la gestion de l’activité aérienne au plus près du théâtre des opérations en planifiant les missions en fonction des effets attendus, des priorités et des capacités opérationnelles des moyens en liaison étroite avec le commandant des opérations de secours (COS). Le poste d’information en vol (PIV), en lien avec la CAA, assure la transmission des informations de sécurité et d’engagement aux différents équipages d’aéronefs.

Auteur : Anaïs GAUTIER, Responsable du pôle de recherche en management des organisations et RETEX, CERISC, ENSOSP

Pour consulter l'article dans son intégralité, veuillez télécharger le fichier ci-dessous :

Publié le 01/02/18 à 11:32