M. le président. La parole est à M. Hervé Gillé, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. Hervé Gillé. Monsieur le président, madame la Première ministre, mes chers collègues, notre maison brûle sous nos yeux. Quelque 20 600 hectares brûlés, 36 000 personnes évacuées : la crise climatique en Gironde provoque un drame humain, économique, environnemental.
Depuis huit jours, deux feux, qualifiés de hors norme, à La Teste-de-Buch et à Landiras, ravagent notre département et avancent vers le massif landais. Je veux rendre hommage aux membres des services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) et aux acteurs de la défense de la forêt contre les incendies (DFCI), ainsi qu'à tous les invisibles qui, au cours de cette crise, luttent quotidiennement sur le terrain. Aucune victime n'est à déplorer dans ce contexte, c'est remarquable !
Je remercie également le président du Sénat de sa visite et du temps nécessaire qu'il a consacré à écouter l'ensemble des acteurs, plus particulièrement les élus locaux. (Applaudissements.) Dans de tels moments, les visites ministérielles éclair sont particulièrement contre-productives…
Le département de la Gironde constitue le plus grand massif résineux en Europe ; pourtant, il ne dispose d'aucun Canadair à demeure. De tels appareils, en provenance de Nîmes, sont arrivés plus de douze heures après le début de l'incendie ; autrefois, ils étaient à Mérignac. Or, nous le savons tous : dans ces circonstances, chaque minute gagnée est primordiale.
La maintenance de ces avions, propriétés de l'État, a été déléguée à un prestataire privé. Seulement quatre avions Dash sur six et neuf Canadair sur douze sont en mesure de voler ; les deux tiers ont plus de 25 ans. Nous luttons contre la crise climatique avec des moyens du siècle passé…
Madame la secrétaire d'État, comptez-vous renforcer la flotte européenne et nationale et relocaliser au moins deux Canadair dans le Sud-Ouest ? Comptez-vous contribuer à la création d'un secrétariat d'État aux risques civils et crises majeures ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER. – M. Pascal Savoldelli applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la citoyenneté.
Mme Sonia Backès, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur et des outre-mer, chargée de la citoyenneté. Oui, monsieur le sénateur Gillé, nous vivons tous actuellement au rythme des incendies qui ravagent notre territoire et je vous sais particulièrement sensible à ceux qui touchent le département dont vous êtes élu.
Permettez-moi d'abord de m'associer à l'hommage que vous et d'autres orateurs avez rendu à nos pompiers investis, mais également – il ne faut pas les oublier – aux militaires, aux élus, aux gendarmes et aux policiers très largement mobilisés sur ces feux de forêt depuis le 12 juillet dernier. Chacun se sent concerné par ces événements.
Je tiens à préciser que l'implication du Gouvernement dans ce dossier est totale, puisqu'il a mobilisé la plus grande flotte européenne de lutte contre les feux. Ainsi, vingt et un avions sont actuellement mobilisés : douze Canadair, six Dash et trois Beech. Ce déploiement sans précédent n'a été possible que parce que nous avons augmenté le budget de la sécurité civile de plus de 44 % au cours des cinq dernières années.
L'ensemble des moyens prévus dans le cadre de l'ordre national d'opérations « feux de forêt » est donc engagé et, monsieur le sénateur, l'heure est non pas à la polémique, mais à la solidarité. (Protestations sur les travées du groupe SER.)
M. Patrick Kanner. Nous vous interrogeons !
M. Jean-Pierre Sueur. M. Gillé n'a pas polémiqué, il a été très digne !
Un sénateur du groupe SER. Honteux !
Mme Sonia Backès, secrétaire d'État. C'est tout le sens du déplacement, en ce jour, du Président de la République à la rencontre des personnes mobilisées sur ces feux de forêt.
La difficulté, nul ne l'ignore, réside dans le feu, particulièrement important, qui sévit en Gironde – c'est d'ailleurs l'objet de votre question, monsieur le sénateur. Le dernier grand incendie que nous avons connu en Gironde a touché 700 hectares ; aujourd'hui, ce sont plus de 20 000 hectares qui sont détruits. C'est la raison pour laquelle des moyens militaires sans précédent ont été sollicités, afin d'accompagner les forces déjà engagées dans les actions de lutte, mais également d'assurer la surveillance et la détection des reprises de feu.
M. le ministre Gérald Darmanin l'a rappelé, nous sommes présents pour déplacer des personnes, sauver des animaux et aider des entreprises. Notre priorité, c'est la sécurité des Français, afin qu'aucune vie ne soit prise par ces feux. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Hervé Gillé, pour la réplique.
M. Hervé Gillé. Madame la secrétaire d'État, je comprends bien la volonté d'offrir une parole interministérielle au travers des différentes réponses, mais, pour tout vous dire, j'aurais presque souhaité, à propos de ce drame, une réponse de la Première ministre. (Applaudissements sur les travées du groupe SER, ainsi que sur des travées des groupes CRCE, GEST et Les Républicains.)
M. Jérôme Bascher. Très bien !
M. Hervé Gillé. Pour l'été 2023, il nous faudra une nouvelle loi de programmation sur ce sujet, « quoi qu'il en coûte » ! Nous vous attendons et toutes les populations brisées attendent également vos propositions ! (Applaudissements sur les mêmes travées.)