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Compte-rendu du Congrès des sapeurs-pompiers tenu à Chambéry du 9 au 12 octobre 2013

Chapo
Zoom sur le discours du Président de la République
Texte

Son intervention en a surpris plus d’un. Aucune des annonces de son discours n’avait filtré avant qu’il ne prenne la parole. A l’occasion de son premier déplacement au Congrès annuel des sapeurs-pompiers de France, qui se tenait du 9 au 12 octobre à Chambéry, le président de la République, François Hollande, a suscité une forte adhésion parmi les sapeurs-pompiers, portant son attention sur tous les sujets de préoccupation dont les professionnels se font l’écho.

Préserver le maillage territorial – Saluant le « beau modèle » français de la sécurité civile, « fait de continuité, de proximité, de complémentarité » mais aussi « mis en cause, attaqué, insidieusement ou directement », le chef de l’Etat a tout d’abord défendu la nécessité de « préserver le maillage territorial, irremplaçable pour la solidarité et pour l’efficacité même du service public ».

Déplorant la fermeture de près de 600 casernes en cinq ans, il a annoncé sa volonté de mettre « un verrou au processus ». « Le gouvernement et les conseils généraux devront décider ensemble de préserver le maillage dans les territoires ruraux, dans les zones de montagne et dans les quartiers sensibles » a-t-il souligné, précisant que « la Conférence nationale des services d’incendie et de secours (CNSIS) sera désormais saisie de tout projet de fermeture de centres ». « L’Etat fera en sorte que l’application des schémas départementaux d’analyse et de couverture des risques ne se fasse jamais au dépense des conditions de vie des pompiers ni surtout des besoins de population ».

Autre sujet sensible abordé : la gestion des moyens aériens. « Comment se peut-il que l’on fasse venir de l’autre bout du territoire, dans un département, un hélicoptère de telle couleur, alors qu’on dispose du même appareil stationné à proximité mais d’une couleur différente ? » Des propositions concrètes devront être formulées pour le début d’année 2014.

Secours à personne: mission de clarification - Le chef de l’Etat a également rappelé que l’accès aux soins urgents « depuis n’importe quel point de notre territoire en moins de 30mn » était un engagement. A fortiori dans un contexte « où la présence médicale (…) se raréfie ».

Sur ce sujet sensible du secours à personne, François Hollande a apporté son soutien aux Sdis, qui « ne peuvent être considérés comme des sous-traitants, des exécutants ou des supplétifs ». « Je n’admets pas que des services puissent être en concurrence dans notre pays » a-t-il lancé, faisant allusion à la défiance qui oppose souvent les pompiers aux représentants du Samu. Et d’annoncer le lancement d’une évaluation du référentiel du secours à personne créé en 2008, dont le bilan laisse à désirer.

Cette évaluation, qui débute cette semaine, livrera ses conclusions « avant la fin de l’année » 2013 afin « de rendre plus efficace, plus effective, la coopération entre tous les acteurs de secours, de repérer les bonnes pratiques ». Début 2014, a souhaité le chef de l’Etat, « le ministre de l’Intérieur et la ministre de la santé, ensemble, définiront clairement le rôle des Sdis dans la chaîne d’intervention ».

Rendre plus attractive la carrière des professionnels – S’agissant des 40 500 sapeurs-pompiers professionnels, « ossature de notre système de sécurité civile », le chef de l’Etat a souhaité que leurs carrières, « quel que soit le grade, quelle que soit la spécialité, doivent être rendues aussi attractives que les autres corps de la fonction publique ».

Pour ce faire, il a demandé au ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, de veiller à la mise en œuvre « dès l’an prochain » les mesures prises dans le cadre du protocole d’accord réformant la filière des sapeurs-pompiers, signé en 2011. Au programme : la consolidation du statut des directeurs de Sdis, « désormais aligné sur celui des directeurs généraux des services des collectivités locales », la revalorisation des carrières des officiers, l’établissement de passerelles vers les emplois supérieurs de la fonction publique…

Plan d’action pour les volontaires – Point d’orgue du discours présidentiel : la relance du volontariat. Dans son allocution, le colonel Eric Faure, président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) avait tiré la sonnette d’alarme. « Notre modèle de secours est menacé » par la chute du nombre des volontaires et la fermeture des casernes, avait-il averti, appelant à une « réaction rapide ». De 2004 à l’an dernier, le nombre de volontaires a chuté de 12.000. Ils étaient 195.200 au 1er janvier 2012, soit 79 % du total des pompiers, les autres étant professionnels ou militaires.

Le président a alors répondu par le lancement d’un « plan national ». « L’objectif est de retrouver 200.000 sapeurs-pompiers volontaires d’ici la fin du quinquennat, c’est-à-dire retrouver en 2017 le niveau qui était le nôtre une décennie plus tôt, en 2007″, a-t-il précisé, avant de décliner les 3 axes de son plan :

  • Le lancement d’une « campagne de communication nationale pour encourager les jeunes à se porter volontaires ». Cette campagne prévoira une adaptation du service civique afin que davantage de jeunes le rejoignent parmi les sapeurs-pompiers. « Sur 40.000 services civiques conclus à ce jour, seuls 471 l’ont été dans les casernes de pompiers, a déploré François Hollande, qui préconise « un service citoyen de sécurité civile » d’un an.
  • La défense du volontariat à Bruxelles. Le président a promis de militer ardemment pour que Bruxelles préserve « l’exception du volontariat » afin que celui-ci ne soit pas considéré comme un travail salarié, au risque d’en faire exploser le coût et d’en condamner le principe,
  • La mise en œuvre d’un « Engagement national pour le Volontariat » signé le 11 octobre entre l’Etat, l’Assemblée des départements de France, l »’Association des maires de France et la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France. « L’Etat doit fixer la stratégie, c’est son rôle mais il ne peut agir sans des collectivités locales responsables » a-t-il lancé, appelant les communes et les départements à se mobiliser.

Indemnités et reconnaissance des volontaires - Au-delà du plan, le chef de l’Etat a décliné d’autres mesures. Il s’est notamment engagé à « améliorer les conditions de vie des volontaires », répondant à une autre de leurs revendications: « l’indemnité horaire des volontaires évoluera pour garantir leur pouvoir d’achat ». Une revalorisation actée par le président de la CNSIS, Yves Rome, qui, dans un discours prononcé la veille, confirmait qu’une augmentation de +1% prenait effet depuis le 1er octobre et une autre de +1% supplémentaire à compter du 1er janvier 2014.

De même, les sapeurs-pompiers volontaires devront pouvoir disposer d’un accès privilégié aux logements sociaux situés à proximité des casernes, selon le chef de l’Etat.

Devant les ministres de l’Intérieur Manuel Valls et des Affaires européennes Thierry Repentin, un savoyard, le président a aussi prôné une formation mieux adaptée aux contraintes des volontaires et plaidé pour que ces derniers acquièrent plus de responsabilités au sein des casernes où les gradés sont pour la plupart des professionnels.

Il a également promis un doublement du « nombre de sapeurs-pompiers nommés ou promus dans l’ordre de la Légion d’honneur et dans l’ordre national du Mérite », évolution dont les premiers signes seront donnés dès les promotions de la fin d’année.

« Le volontariat doit encore davantage se féminiser et se diversifier », a enfin souligné le président de la République.

François Hollande s’est livré à un long bain de foule avant de quitter ce congrès que les présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avaient également marqué de leur présence en 1999, pour le premier, et en 2007 et 2011, pour le second.

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