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Lutte contre les effets psychologiques et psychiatriques de la crise sanitaire

Titre de la question
Question n° 1693S de Mme Brigitte Lherbier (Nord - Les Républicains) publiée dans le JO Sénat
Contenu de la question

Mme Brigitte Lherbier attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur la lutte contre les effets psychologiques et psychiatriques de la crise sanitaire. Le Président de la République a reconnu le constat sans appel des professionnels du monde de la santé mentale : la crise sanitaire a eu un impact délétère sur la santé psychologique de tous nos compatriotes.
Il a aussi annoncé la mise en place de dix consultations gratuites chez un psychologue pour les mineurs qui le souhaitent âgés de 3 à 17 ans.
Cette mesure, utile pour lutter contre les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur la santé tant physique que mentale des Français, ne devrait cependant pas se limiter aux seuls mineurs.
En effet, les adultes sont tout aussi touchés par ce fléau que les enfants.
Certains pays voisins ont mis en place des solutions efficaces pour lutter contre ce mal-être.
En Suisse, des infirmières psychiatriques sont envoyées au domicile des personnes vulnérables par des psychiatres pour évaluer les effets de la crise sanitaire sur la santé mentale de leurs patients.
En France, de tels consultations et entretiens psychiatriques pourraient être mis en place et ces suivis à domiciles devraient aussi être comptabilisés comme des soins pour que les infirmières soient rémunérées en conséquence.
Elle lui demande si le Gouvernement entend mettre en place de telles mesures pour pouvoir lutter efficacement contre les effets délétères de la période de crise sanitaire qui dure depuis maintenant plus d'un an.
Elle lui demande s'il est favorable à la mise en place d'une expérimentation sur le modèle suisse qui permettrait par ailleurs de lutter contre l'isolement de certaines de nos populations les plus fragiles et isolées.

Titre de la réponse
Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités et de la santé - Autonomie publiée dans le JO Sénat
Contenu de la réponse

Mme le président. La parole est à Mme Brigitte Lherbier, auteur de la question n° 1693, adressée à M. le ministre des solidarités et de la santé.

Mme Brigitte Lherbier. Madame la ministre, la crise sanitaire a eu un impact terrible sur la santé psychologique de tous nos compatriotes. Le Président de la République l'a lui-même reconnu.

Il a annoncé la mise en place de dix consultations gratuites chez un psychologue pour les mineurs âgés de 3 à 17 ans qui le souhaitent. Cette mesure est utile pour lutter contre les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur la santé physique et mentale de nos concitoyens.

Les adultes aussi sont touchés par ce fléau. Certains pays voisins ont mis en place des solutions efficaces.

En Suisse, des infirmières psychiatriques libérales sont envoyées au domicile des personnes vulnérables par des psychiatres pour évaluer la santé mentale de leurs patients et les accompagner.

La France devrait à mon sens suivre cet exemple et comptabiliser ces suivis à domicile comme des soins pour que les infirmières libérales soient rémunérées à leur juste valeur.

Madame la ministre, le Gouvernement entend-il expérimenter de telles mesures ?

Mme le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. Madame la sénatrice Brigitte Lherbier, la santé mentale de nos concitoyens est une préoccupation constante du Gouvernement, et j'en veux pour preuve les assises nationales de la santé mentale, qui se tiennent depuis hier, et qui seront conclues par le Président de la République.

Classés au premier rang des maladies en termes de dépenses de soins, avant même les cancers et les maladies cardiovasculaires, les troubles psychiques et leur prise en charge représentent un enjeu majeur, d'autant qu'ils affectent près d'un quart des Français. Le besoin est de surcroît précoce, puisque 15 % des 15-20 ans auraient besoin d'un suivi ou de soins.

C'est indéniable, la dégradation de la santé mentale des Français a constitué un lourd tribut payé pour nous permettre de surmonter la pandémie de covid-19.

Le suivi renforcé de la santé mentale des Français, organisé par Santé publique France, illustre que les états anxieux ou dépressifs, les problèmes de sommeil se sont accrus pendant la crise, avec une augmentation des passages aux urgences et hospitalisations pour les plus jeunes.

Pour y répondre, le Gouvernement s'est engagé fermement.

D'abord, en rappelant toujours qu'il n'y a pas de santé sans santé mentale. Dès le mois d'avril 2021, une campagne grand public a été lancée : « En parler, c'est déjà se soigner. » Elle a permis de diminuer la stigmatisation des personnes souffrant de troubles et faciliter le recours aux soins et à la prévention.

Ensuite, les expérimentations lancées dans le cadre de la feuille de route Santé mentale et psychiatrie et les dispositifs d'urgence existants mis en place pendant la crise ont, à l'épreuve de cette crise, montré l'intérêt d'un repérage et d'une prise en charge précoces des troubles psychiques légers à modérés. La CNAM expérimente la prise en charge par des thérapies non médicamenteuses pour les adultes. Nous poursuivons l'expérimentation Écout'Émoi, destinée aux jeunes en détresse psychologique, et nous maintenons les dispositifs d'urgence PsyEnfantAdo et SantéPsyEtudiant, mis en place en période de crise sanitaire.

Enfin, vous savez que nous avons renforcé les centres de santé et maisons de santé en psychologues, via le Ségur de la santé, permettant ainsi une proximité accrue, sur le modèle que vous semblez proposer.

Les assises de la santé mentale et de la psychiatrie sont au cœur de ce constat. Elles ont vocation à aller plus loin, pour en finir avec le tabou sur la santé mentale. Des annonces devraient être faites en ce sens dans la journée.

Mme le président. La parole est à Mme Brigitte Lherbier, pour la réplique.

Mme Brigitte Lherbier. Madame la ministre, vous avez rappelé l'explosion des besoins à l'échelle nationale.

Dans le département du Nord, nous sommes particulièrement intéressés, 19 % de la population des Hauts-de-France souffrant actuellement de dépression, soit quatre points de plus que la moyenne nationale.

On recense des infirmières « libérales », des infirmières « psychiatriques », mas pas d'infirmières « psychiatriques libérales ». J'insiste sur l'idée de solliciter le renfort de tels personnels. Pour ce faire, il faudrait que ces actes de santé mentale, aussi efficaces que des gestes de soins et des piqûres, soient comptabilisés dans la nomenclature de la sécurité sociale.

D'autres pays européens l'ont fait avec succès.

Les déplacements au domicile des patients pourraient éviter à des personnes âgées d'être placées ou à de jeunes adolescents de sombrer dans une dépression profonde.

Il y a beaucoup à faire à mon sens en la matière.