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Crise sanitaire, ministère de la santé et externalisation des missions de conseil

Titre de la question
Question n° 20186 de M. Éric Bocquet (Nord - CRCE) publiée dans le JO Sénat
Contenu de la question

M. Éric Bocquet attire l'attention de M. le ministre des solidarités et de la santé sur l'externalisation de l'élaboration de la stratégie vaccinale dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.
Le Gouvernement a en effet recours au cabinet privé McKinsey et Company pour mettre en place son plan de vaccination. Et ce, après qu'il a été fait appel au cabinet Accenture pour la mise en œuvre du « système d'information vaccin covid », aux cabinets Citwell et JLL pour l'accompagnement logistique et la distribution des vaccins, ou encore au cabinet Bain pour le déploiement des tests en France.
Cela entre en contradiction avec les propos tenus par le Président de la République le 12 mars 2020. Lors de son allocution, il a en effet annoncé que « ce que révèle cette pandémie, c'est qu'il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché ». À l'évidence, cela reste un vœu pieux.
Le recours aux cabinets privés n'est pas sans soulever certains problèmes éthiques et budgétaires.
Selon le magazine Le Point, le cabinet McKinsey et Company toucherait près de 2 millions d'euros par mois, alors que dans le même temps le Gouvernement réduit drastiquement les dépenses publiques, y compris dans le domaine de la santé pourtant si impérieux.
Il pourrait être évoqué encore le risque majeur de perte de souveraineté sanitaire. Sans compter un certain mélange des genres et une proximité malsaine entre les actionnaires de ces cabinets privés et les décideurs publics.
Enfin, comment ne pas soulever le fait que la Cour des comptes, dans une note de 2018, s'est montrée particulièrement sévère sur ce type de procédé en énonçant que « les productions des consultants ne donnent que rarement des résultats à la hauteur ».
L'appel à des cabinets privés laisse entrevoir le fait que l'État puisse demain pleinement sous-traiter ses fonctions de décisions à des sociétés de conseil. Bien loin de ce que l'on attend d'un État stratège.
Il lui demande donc si le ministère des solidarités et de la santé va continuer à solliciter des cabinets privés de stratégies et de conseils ou au contraire va renforcer ses moyens afin de bénéficier d'une véritable expertise interne et ainsi sortir des griffes du marché.

Titre de la réponse
Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée dans le JO Sénat
Contenu de la réponse

Des cabinets de conseils externes sont intervenus en soutien de la « task-force interministérielle vaccin » sur un périmètre très précisément délimité. Ces cabinets ne sont intervenus à aucun titre sur les choix de nature politique et sanitaire, relevant de la seule responsabilité du Gouvernement. Le choix des laboratoires et les commandes des vaccins, la priorisation des segments de la population recevant le vaccin ou encore le calendrier de mise en œuvre, les modalités de la vaccination au plan national ont été exclues de leur champ d'intervention. Le champ d'action de ces cabinets de conseil s'est limité à des analyses et recommandations sur la définition du cadrage logistique, le recensement des schémas logistiques mis en œuvre à l'étranger dans le but d'éclairer les choix possibles, ainsi que dans l'appui à la coordination opérationnelle de la task-force. Le ministère des solidarités et de la santé, comme tous les autres départements ministériels, fait appel régulièrement à des prestataires extérieurs lorsque des besoins spécifiques qui requièrent une expertise particulière se présentent.